La Derniere Mission Divine

BOOK ID

Author(s): Sayyed Mujtaba Musavi-Lari

Category: Le prophète Mohammed Miscellaneous information:nbsp;

Publisher(s): Foundation of Islamic C.P.W.

21, Entezam St,

Qum, Iran

http://www.musavilari.org/

Congress Classification: BP22/9/ م8ر504957 1300ی

Dewey Classification: 297/93

Number bibliography: 1302969

Language: French

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سرشناسه : موسوی لاری، سیدمجتبی، 1314 -

Musavi Lari Mujtaba,

عنوان قراردادی : رسالت نهائی . فرانسه

عنوان و نام پدیدآور : La derniere mission divine/ Seyed Mujdtaba Musavi- Lari; traduit par F. Khodaparsti.

مشخصات نشر : Qum: Foundation of Islamic C. P. W, 19= 13 .

مشخصات ظاهری : [135] ص.

یادداشت : فرانسه.

موضوع : محمد (ص)، پیامبر اسلام، 53 قبل از هجرت - 11ق. -- سرگذشتنامه

موضوع : محمد (ص)، پیامبر اسلام، 53 قبل از هجرت - 11ق. -- خاتمیت

شناسه افزوده : خداپرستی، فرج الله، مترجم

شناسه افزوده : Khodaparsti, Faraj Allah

رده بندی کنگره : BP22/9/ م8ر504957 1300ی

رده بندی دیویی : 297/93

شماره کتابشناسی ملی : 1302969

دسترسی و محل الکترونیکی : http://dl.nlai.ir/UI/be2f4c20-3a39-4e74-bd41-d1c87f8dd27a/Catalogue.aspx

point

Cet ouvrage, riche et dense, se penche non seulement sur le Prophète (S), sa naissance, sa Mission, sur les difficultés au sein de sa communauté, sur la période hégirienne, mais aussi sur le Coran, son miracle, son défit, la science qu’il contient, et son infinité conceptuelle, entre autres ; L’auteur termine sur l’annonce de la venue de Muhammad (S) par Jésus (as) et sur l’idée du sceau de la Prophétie

Préambule

Au nom d'Allâh le Trés Miséricordieux, le Tout Miséricordieux

L'humanité déjà martyrisée, l'homme de nos jours, en deuil de son identité perdue, tourmenté, déconfit, et déçu par tous les "ismes", est également en quête d'un autre "autel"...

En effet, notre époque n'est qu'une nuit sombre, ténébreuse, où le danger des vagues et des tourbillons est présent; on ne voit plus, "ils" nous font voir ce qu'"ils" veulent. "Ils" déforment la réalité et orientent la réflexion qui éveille la conscience. Car la conscience brise les jougs et menace effectivement leur domination. "Ils" sont, hélas, relayés dans ce rôle par les mass-media dont le mot d'ordre est d'illustrer l'illusoire menace de l'Islam, religion de paix, de tolérance, et de justice. Au demeurant, certains intellectuels stipendiés-subitement devenus islamologues-font rage, intoxiquant les esprits insidieusement...

Phénomène singulier! ...Ces pamphlétaires et leurs maîtres, fort nombreux d'ailleurs, qui enseignaient autrefois, la tolérance-surtout dans les pays baptisés sous-développés l'ont perdue chez eux!! D’où l'apparition d'innombrables ouvrages contre l'Islam et son prophète, au

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cours de ces dernières années.

-Motif ..? On a mis de l'eau dans le nid des termites! alors qu'ils faisaient leur travail: travail de termite!!!

Mais, enfin, lorsque le soleil se lève (-) l'histoire nous en porte témoignage (-) les chauves-souris s'enfuient, et l'homme en quête d'un autre "autel" le découvrira, tout en retrouvant son identité perdue.

Et ce livre ... pourrait-il ouvrir une voie vers cet "autel"?

Le Prophète, sa Naissance

En révélant certains caractères extraordinairement majestueux de Muĥammad, les prophètes précédents avaient prédit sa prophétie. Ainsi, leurs disciples attendaient l'avènement de Muĥammad.

A l'époque, le monde perturbé, vidé de tout contenu spirituel, témoignait de la décadence culturelle et de la dégradation morale. L'athéisme et le paganisme, sous leurs différentes formes, dominèrent tous les aspects de la vie quotidienne. Bien que les rites fussent encore célébrés dans certaines communautés religieuses dispersées aux quatre coins du monde, les religions divine s’éloignées de la pure forme primitive, totalement déguisées et déformées à travers le temps, avaient perdu leur dynamisme, ce qui est indispensable à la mobilisation populaire et à la conduite initiatique par lesquelles les valeurs humaine et divine se réalisent vraisemblablement, il n'y avait plus d'espoir pour les réanimer et pour faire circuler le sang vital dans leurs veines.

Une circonstance aussi périlleuse exigea un change ment globalement profond au sein de la communauté humaine. Conformément aux prédictions préalables, certains sages vertueux attendirent le lever d'un personnage céleste sous la conduite duquel l'être humain écarté de la vérité retrouverait son identité perdue. Enfin l'attente longue s'acheva. Muĥammad, le

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grand sauveur promis, naquit à La Mecque; c'est à dire dans une ville oppressée, symbole d'une société malade, ténébreuse, où l'humanité fut envasée... Ce fut le vendredi, dix sept du mois de Rabi'-ul-awwal de l'an 53 avant l'Hégire correspondant au 22 Juin 570 de l'ère chrétienne. En bref, un autre soleil se leva dans le ciel obscurci dont la lumière éclaira soudain l'horizon sombre de la vie de l'être humain, et cela ensuite, fut à l'origine de l'essor spirituel, intellectuel, éternellement en cours, au sein de l'histoire par lesquels les pensées scientifiques constructives évoluaient.

L'histoire témoigne que c'était bien à travers Muĥammad- le nouveau-né d'Amina - que les plus pures lois se manifestèrent sur le globe; et encore c'était bien sous ses enseignements que le monothéisme vainquit le polythéisme, que la connaissance et le savoir se substitua à l'ignorance, ainsi que la fraternité, la solidarité et les valeurs humaines qui prirent la place de l'hostilité et de la haine. Chose prodigieuse: Muĥammad élevé dans une société si corrompue et inculte, devint l'homme le plus sublime du monde. Son père Abdullah descendant d'Ismayl rendit l'âme quelques semaines avant sa naissance(1).

Il avait six ans, lorsque sa mère Amina décéda aussi(2).

Alors, ce fut Abd ul-Muttalib, son grand père, qui eut une grande affection envers Muĥammad, le surveilla au cours des années où la première dimension conceptuelle et intellectuelle de l'enfant se développa. Muĥammad était âgé de huit ans, lorsque son grand-père disparut.

Douloureusement blessé par la mort de son grand-père, Muĥammad fut encore une autre

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1- Ibn Hichâm, Çira t. l, p. 177.
2- Ibn Hichâm, Çira t. l, p. 179.

fois, lugubre. Mais la grâce divine lui avait accordé une force mentale par laquelle il parvint à endurer toutes les calamités.

Puisque cet orphelin devait devenir le père de l'humanité, le refuge de tous les opprimés et le sincère compatissant des miséreux et des malheureux, l'accoutumance à la souffrance et aux dénuements, ainsi qu'une âme sublime, solide et éminente comme la montagne lui étaient indispensables pour bien accomplir sa mission divine.

Après avoir perdu son grand-père, Muĥammad continua à sa vie précieuse sous la protection de son oncle prestigieux Abu Talib, un personnage digne, ayant de grandes qualités morales et ayant respectueux de tous(1) .

Selon les récits de différents historiens, Muĥammad a manifesté des caractères miraculeux dès son enfance, lui attribuant ainsi la dignité d'être un grand leader universel et divin. Malgré toutes les souffrances qu'il avait subies au cours de son enfance, aucune source historique, aucun chercheur ne s'est permis de lui attribuer ni la moindre déviation morale, ni même le plus faible trouble nerveux, point de dégénérescence physique et/ ou mentale. Ailleurs, malgré le fait que l'Islam, ainsi que son précurseur Muĥammad rencontrèrent des divers complots impétueux, des les premiers jours de sa propagation, et que le prophète dut naturellement neutraliser toutes les conspirations; ce qui implique pour un homme non surnaturel, au moins l'immoralité, les historiens ne nous rapporteraient jamais même un point noir dans la compétence de Muĥammad. Au contraire, l'ensemble des évènements constituant la vie de Muĥammad illustre une histoire parfaitement honorable.

Avant sa mission divine, il ne

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1- târikh-ê-ya'gubi, t. 2. p.10.

sortit d'Arabie Saoudite que deux fois pour faire deux courts voyages: le premier, pendant son enfance, accompagnant son oncle Abu Talib, et l'autre à moitié de la troisième décennie de son age, cette fois-ci pour une affaire commerciale, avec la fortune de Khadijah.

Le milieu dans lequel il s'éleva, fut celui du paganisme et d'idolâtrie. En effet, il n'avait autour de lui que des êtres ignorants et grossiers. Il passa une grande partie de sa vie parmi un peuple persécuteur, ignorant et brigand; néanmoins, sa personnalité brillante ne revêtit jamais ta teinte de cette société corrompue. Au contraire, dans cette ambiance perverse, dépravée, il manifesta l'honnêteté la probité ainsi que l'âme de l'intégrité.

Il fut vigoureusement hostile à toutes les bassesses, la servilité dont l'humanité souffrait; ses paroles sentencieuses, ses jugements judicieux signifiaient l'entendement surnaturel correspondant à sa pensée illuminée et à son caractère d'admirable félicité par béatitude céleste. Il menait sa vie, quelles que soient les circonstances, de telle manière que, même avant sa prophétie, il acquit une réputation de droiture, obtenant ainsi le surnom "Amin à toute lèvre", le terme qui désigne son honnêteté(1) .

Pendant la période où, en général, l'homme atteint son plein développement corporel, intellectuel, Muĥammad eut tendance à vivre momentanément dans la solitude. Affecté par les turpitudes de la vie Mecquoise, il recherchait la solitude, par ailleurs, ses pensées profondes et l'insalubrité de l'environnement l'y entraînèrent. pendant le mois de Ramadhan, il se retirait en une caverne, dans la banlieue de la Mecque, s'y acquittait de la

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1- Tqbari, Annales, t. 2, p.1138.

prière et des actes cultuels prescrits.

Loin des égarés, armé e la foi, il se consacrait à son créateur dans un profond esprit d'humilité. Ainsi, les rayons d'omniscience divine projetée au fond de son âme constituèrent la pierre angulaire de sa conscience, de sa pensée. A l'aube, rassasie de la Foi, de la Certitude, il recommençait ses activités quotidiennes.

L'amour profond de Dieu s'était éternellement peint sur son visage paisible et rayonnant. Souffrant du paganisme, ayant cours à l'époque et de la stupidité du peuple ignare, lequel adorait ses idoles, il contestait constamment leur culte. Il fut parallèlement toujours inébranlable aux moments des crises et des tribulations en s'appuyant sur l'Omnipotence divine. plus il s'approchait de l'âge de quarante ans, plus on sentait du perfectionnement chez Muĥammad; soit au niveau de son comportement, soit dans sa parole. Il confia à sa femme qu'il entendait parfois, une voix céleste qu'il se sentait entouré d'une lumière éblouissante.

La Mission Prophétique

Enfin, l'instant attendu annoncé auparavant par les prophètes arrive: l'orphelin vient d'accéder à une Mission Divine, alors qu'il est âgé de quarante ans. La nuit noire comme jais, marche sans étoiles...et Muĥammad, au coin d'Hirra, s'absorbe à l'oraison dominicale. C'est une voix perçante qui frappe le cœur d'un analphabète et qui l'appelle: "Lis au nom de ton seigneur qui a créé tout..." C'est le début de la Révélation Divine...

Une vague soulevée de l'Océan de la divinité touche l'âme l'un être divinisé, inquiet, anxieux et l'embrasse. Une tempête dans le cœur d'un tourmenté, qui se transforme ensuite

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à un sentiment chaleureux et spontané... Muĥammad se lève, il rentre chez lui, ayant au fond de son cœur l'émotion inintelligible, car il est chargé de lourde responsabilité... il lui faut l'accomplir... Il vient d'accéder au rang de Maître de l'humanité, de précurseur de l'Homme au cours d'un long chemin à parcourir... Il doit acheminer, le guider vers la source de la lumière...

Une phase nouvelle dans la vie de Muĥammad, au cours de laquelle il manifeste beaucoup de dynamisme, commence. La pensée motrice de ce dynamisme a pour objectif d'assurer la béatitude de l'homme. Cette pensée, à son. Tour, est animée par les messages célestes, révélés à Muĥammad, en tant que le dernier des prophètes.

C'est bien la révélation dont le contenu bouleverse Muĥammad de manière telle que cette personne placide, sereine devient la source de mouvements d'éclat, ainsi que le moteur de la révolution la plus grandiose du monde. Ceux-ci avivent le monde lugubre, animent et orientent l'Homme, resté pendant longtemps comme un cadavre inerte, pour atteindre la perfection. La teneur de la Révélation met vigoureusement en cause tous les codes absurdes, fautifs d'autrefois, faisant partie de la coutume Jâhilite, considérée comme les principes socio-moraux, attestée par l'estimation de la conduite individuelle et des mœurs.

A la place, ils introduisent les mesures humanitaires, rationnelles indiquant la voie à suivre pour parvenir à la perfection. Ils comportent également l'ensemble des valeurs dont l'application donne de la vitalité et le sens à la vie. Le contenu des messages divins révélés à Muĥammad éloigne

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l'homme de la stérilité intellectuelle, réveille à l'intérieur de lui-même la capacité créatrice de mieux réfléchir, pour manifester l'ensemble miraculeux de l'âme humaine...

Dès lors, Muĥammad continue à recevoir fréquemment de telles révélations. Les messages divins actualisés en versets, en langue arabe, descendent sur le prophète de Dieu; les versets prodigieux qui, du point de vue de la forme, du contenu, de la syntaxe ne sont analogues ni au langage de Muĥammad, ni comparables à celui des orateurs, des poètes forts éloquents de l'époque, aussi étrange que cela puisse paraître, les arabes jâhilites, qui n'appréciaient pas la science, le savoir, étaient réputés dans les domaines d'éloquence et de la poésie lyrique. Quant à Muĥammad, il ne fut jamais attiré par la poésie.

Muĥammad alors, doit communiquer les mes sages ainsi reçus à un peuple égaré, métamorphosé, adorant les diverses idoles qu'il s'était donné. Cet appel doit d'ailleurs être accompli dans une communauté où règne l'institution aberrante tribale, en conséquence, elle est totalement inapte à admettre le monothéisme.

Vraisemblablement, l'idéologie islamique a non seulement dépassé de beaucoup l'échelle des perspectives intellectuelles dans cette communauté, mais elle est aussi supérieure à tout le savoir religieux du monde d'autrefois.

Face à cette sorte de difficultés, Muĥammad réagit avec une compétence géniale pour accomplir sa mission divine: Il commence par s'adresser d'abord aux membres de sa famille, ensuite il appelle le Mecquois à embrasser l'Islam, puis les habitants de la péninsule d'Arabie, et enfin il déclare sa prophétie comme le Sceau des prophètes et lui-même comme le Prophète

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de la religion mondiale.

Ali-ibn-Abitalib, ayant le mérite exceptionnel d'être dès son enfance dans le foyer lumineux de Muĥammad, est le premier homme qui accepte la Révélation divine et devient musulman, parmi les femmes, la première, c'est la propre épouse de Muĥammad qui adopte l'Islam(1).

Ensuite, les autres se convertissent graduellement à la foi islamique.

Muĥammad doué de la perspicacité divine, et d'une maturité politique extraordinaire, aborde l'ennoblissement de l'homme. Il lui ouvre une voie où l'homme y pourrait poursuivre sa quête au fin fond de son âme. Là, l'homme par contemplation, connaîtrait les confins illimités de l'Existence, et les diverses manifestations de l'Unicité Divine, se révèleraient. Cette démarche transcendante, pure et haute, favorisa le plan d'auto formation de l'homme introduit par le prophète de l'Islam.

A ce propos, l'autre phénomène excentrique à remarquer: le fils issu d'une société présomptueuse dont les individus se vantent de l'excellence de leurs coutumes et mœurs tribales, et où toutes les normes et toutes les valeurs sociales exclusivement au profit d'une catégorie privilégiée sont basées sur le fanatique aveuglement zélé, et non-fondé, s'élève.

Il dénonce les codes attestés et pratiqués ainsi que les privilèges accordés à certaines couches sociales, les principes d'oligarchie, abolit ces règles fantomatiques autrefois en usage, et introduit l'ensemble des normes les plus justes concernant la vie, le comportement humain et les relations sociales. Il se dresse parallèlement afin de localiser tous les efforts, les pensées émancipatrices pour que les nations finissent par se libérer de toute sorte d'esclavage; et encore pour que les déshérités opprimés

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1- Moroudj- oz- Zahab, t. I, p.400.

s'affranchissent du despotisme cruel des Césars et des Cossroès.

Ces institutions suprêmes présentent des caractères distiques dont la haute valeur est visible même aux yeux de ceux qui ne les croient guère divines. En effet, l'histoire humaine n'a jamais, au long des siècles, disposé un tel credo, comprenant à la fois, les institutions religieuses et socio-politiques les plus suprêmes.

* * *

Durant trois ans, la prédication du prophète se déroula en cachette. Le polythéisme commença clandestinement, Pendant les treize ans que l'apostolat de Muĥammad fut concentré à la Mecque. Les seigneurs-marchands païens effrayés par les perspectives dominantes de la foi islamique se sentirent menacés et réagirent violemment. pour éteindre la voix libératrice de l'Islam, pour maintenir leurs traditions jâhilites, ils commencèrent obstinément la véhémente hostilité contre le Prophète. Les musulmans furent les sujets des traitements les plus sauvages, ainsi que des persécutions sous leurs divers formes vexatoires et pénibles. En raison de leur conversion à l'Islam, on les enchaîna, on les exposa régulièrement à la chaleur torride, en plein soleil brûlant, avec de grosses pierres sur la poitrine et sur le dos. On leur demanda d'abjurer la foi islamique et de renoncer au prophète. Un couple, Yassir et Somayyah subirent les plus cruelles tortures à la suite desquelles ils moururent: Ce sont les premiers martyrs du mouvement religieux nouveau-né. Yassir fut martyrisé et sa femme assassinée par Abu-Jahl, l'ennemi juré du Prophète(1).

Les traitements injustes et cruels infligés avec acharnement aux musulmans eurent comme objectif d'étouffer et d'opprimer la révolution dans son noyau.

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1- Halabi, Çira, p.334.

Car, il s'agissait d'une question de vie ou de mort; si le prophète parvenait à propager la pensée religieuse islamique, cela correspondrait à la fin de leur domination économico-politique, et par conséquence à la perte de leurs privilèges. Il nous faut signaler que le facteur du sentiment de jalousie y joua aussi un rôle prépondérant.

Les mesures hostiles prises par les Quraichites contre les musulmans furent telles qu'ils leur rendirent impossible de résister à une pareille pression et de vivre à la Mecque. L'histoire témoigne que pendant cette période, entendre la récitation des versets coraniques fut strictement interdite! De plus, on avertit les membres des caravanes, à l'entrée de la Mecque, de ne pas être en contact avec les musulmans.

Face à la véhémence croissante de l'opposition farouche Mecquoise, pour ne plus être harcelés et en quête d'un asile en but d'y célébrer l'office divin et d'y pratiquer leur liturgie, un certain nombre de musulmans durent quitter leur ville natale et s'expatrièrent en Abyssinie, Mais les païens de la Mecque ne les laissèrent pas tranquilles et les poursuivirent. Ils dépêchèrent alors une délégation auprès du Négus le souverain d'Abyssinie.

En lui offrant des cadeaux précieux, les envoyés demandèrent l'extra diction des réfugiés musulmans. En réponse, le Négus déclara que ces expatriés s'étaient réfugiés auprès de lui et qu'il ne pourrait pas les expulser sans avoir vérifié leur croyance. Après s'être entretenu à Djafar-ibn-Abitâlib, Le porte-parole des immigrés musulmans, il fut convaincu du bien-fondé de la cause de l'Islam, et fortement impressionné, notamment en

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ce qui concernait l'attitude des musulmans envers Jésus Christ et sainte Vierge Marie.

D'après les chroniques, le Négus et L'assistance chrétienne pleurèrent d'émotion en entendant la sourate du Coran. le Negus dit aux musulmans: La source de cette Lumière (de l'Islam) est la même que celle du Message de Jésus. Allez en paix. Je ne vous livrerai jamais aux païens. "Par Dieu, Jésus n'eut pas si grande estime auparavant"(1).

Ce qui ne plut pas du tout à ces ministres. Malgré eux, en vénérant les musulmans et leur idéologie religieuse, il refusa les cadeaux des Quraichites. Il laissa entendre que Dieu ne lui a pas pris de tribut à son accès au pouvoir et il ne voulut non plus le faire!(2)

Les musulmans expatriés, sous la protection du Négus, célébrèrent librement leur liturgie. Ainsi, encore une fois, la Lumière vainquit les ténèbres. La délégation Quraichite exaspérée et vaincue rentra à la Mecque. Le complot fut ainsi grâce à Dieu, déjoué.

La Tactique des Luttes des Ennemis

Lorsque les ennemis de l'Islam s'aperçurent de la précarité de leur prédominance en face de l'idéologie monothéisme, lorsqu'ils sentirent que toute idole-au sens large du terme-de quelque nature qu'elle soit, subjective ou objective, se démythifie à la lumière de la religion divine, ils s'entendirent à conspirer. Ils commencèrent, d'abord, par la menace. Une fois échoué, ils bercèrent le prophète de vaines promesses. Vue la fermeté du prophète, ils lui garantirent, enfin, tous les privilèges séduisants à condition qu'il renonce à sa fonction de prophétie. Muĥammad rejette toutes les offres; répugnent à admettre leurs

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1- Ibn Hishâm, Çira, p. 218.
2- Ibn Hishâm, Çira, p. 338.

propositions, il proclama: "Par Dieu, si vous m'apportez comme cadeau le soleil dans ma main droite et la lune dans ma main gauche, à condition que j'abandonne ma Mission, je ne le ferai pas. Je ne renoncerai ni à ma foi ni à Mon Dieu. Que la religion de Dieu se propage sur la terre, sinon je joue ma vie sur cette Mission."(1)

L'historien célèbre Yàqubi nous rapporte (2). "Les Quraichites dirent à Abû-Tâleb: "Ton neveu porte atteinte à l'honneur de nos idoles, il nous nomme faux, et attribue à nos ancêtres les défauts, l'égarement. Disuui qu'il le cesse, nous lui octroyons nos biens".

Muĥammad pour la réponse remarque: "Dieu ne m'a pas envoyé pour acquérir des biens et pour appeler les gens à la mondanité, au contraire je suis chargé d'appeler les créatures au Créateur." cette fois, l'ennemi réagit autrement. Il fut, à tout prix, résolu à l'écroulement de l'Islam. pour y parvenir, il n'a cessé d'investir tous les moyens possibles afin d'ébranler et d'étouffer le mouvement religieux qui prenait une expansion polydimensionelle dans la région.

Une alliance se réalisa entre les clans autrefois rivaux. Les ennemis se réconcilièrent et s'unirent pour écraser Muĥammad. Ils employèrent, sous différentes allégations, maints moyens pour discréditer le prophète, pour le déshonorer par calomnie en mettant en cause sa bonne réputation et sa suprématie brillante. Ils tentèrent assiduement, d'une part, de nourrir leur rancune et de satisfaire leurs désirs de vengeance contre Muĥammad par l'ironie malicieuse et sournoise et par le ricanement de façon méprisante

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1- Ibn Hishâm, Çira, p. 278.
2- Târikh-é-ya'qubi, t.2, p.16.

ou sarcastique, et d'autre part, de rendre stériles tous ses efforts pour propager l'Islam. On l'accusa d'être possédé par. tel ou tel esprit, fou, sorcier, magicien, poète!!... on fit soulever contre lui les instruments d'ignorance. C'est bien le procédé diabolique utilisé fréquemment au cours de l'histoire contre les personnages prodigieux, en vue de les affaiblir. Le saint Coran fait allusion à cette sorte d'attitude:

"Il en est ainsi: nul prophète n'est venu aux hommes" qui vécurent autrefois sans qu'ils aient dit: C'est un "magicien ou un possédé! cette formule a-t-elle été léguée à la génération présente? C'est un peuple rebelle (1).

Envers ces hostilités, le prophète évitait toujours la prise de position agressive vis-à-vis des ennemis. A l'évidence, leur fanatisme, leur esprit borné, et leur traditionalisme aveugle lui créeraient des circonstances épineuses, lui rendaient par conséquent sa mission de plus en plus difficile, mais ils ne provoquèrent jamais sa colère. Au contraire, il essayait constamment de les encourager à tenir compte de ta réalité, et de l'apprécier avec justesse.

* * *

Ni le boycottage économique, sociale, politique, ni la tentative à corruption, ni le dénuement ne troublèrent la volonté du Prophète. De même, des calomnies sournoises et non-fondées n'apportèrent rien aux ennemis du profit. L'essence, la logique, le contenu des versets coraniques révélés au Prophète touchèrent l'esprit humain, attirèrent la conscience. La véracité de ce constat fut même reconnue par les ennemis de l'Islam et de son Prophète. Entre autres, nous nous bornons ici de rapporter une histoire: Abu-Jahl demanda à Walid de

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1- Le Coran, 51: 52-53.

porter son jugement sur le saint Coran. Il lui répondit: "par Dieu, personne entre vous n'a la même compétence que la mienne en poésie arabe. De même, personne ne peut rivaliser avec moi dans le domaine de la poésie épique, de l'ode et de l'idylle. Mais j'avoue que le Coran est beaucoup plus mielleux en parole que nos plus excellentes poésies. Sa parole est plus haute en valeur. En effet, elle est au-dessus des autres! Lorsqu'Abu-Jahl insista pour qu'il donne son avis exact sur le Coran; il demanda un délai. Il réfléchit pendant longtemps avant de dire que

"Le Coran de Muhammad est une magie, un héritage des sorciers!"(1).

* * *

Muhammad fut armé de la patience vertueuse, d'une persévérance sans égale. Il arriva parfois quand même, des moments où il fut submergé de chagrin et de peine causés par la sottise et le caractère absurde de ses concitoyens.

Or, il s'isolait, en se réfugiant dans la solitude. Alors, le commandement divin lui rappelait sa lourde tâche à accomplir:

"O toi qui est revêtu d'un manteau! Lève toi et avertis!" Glorifie ton Seigneur..."Fuis l'abomination...Sois patient envers ton Seigneur"(2).

Ainsi inspiré et encouragé, il supportait les maux et les injures.

Un des facteurs prépondérants à la victoire éclatante des mouvements religieux, à l'issue de leurs luttes, c'est la patience et la résistance héroïque dont firent preuve les prophètes divins. Le saint Coran, comme avertissement, nous donne des exemples concernant des maillons d'une chaîne ininterrompue de ces luttes au cours desquelles les prophètes ont subi des échecs éphémères,

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1- Tabari, Exégèse, t. 29, p, 98.
2- Le Coran, 74:1-5.

des déceptions, des tortures et des souffrances.

"Ismaêl, Edris, at Dhoual Kifle...qui tous (pour accomplir leur mission) souffraient avec patience(1)."

Vraisemblablement, les messagers divins subirent des souffrances physiques ou morales; de même ils résistèrent aux refus et aux négations des incrédules jusqu'à ce que le secours de Dieu et la victoire se réalisent.

L'Hégire

L'étouffement d'esprit, les voiles ténébreux régnaient sur la Mecque. Les musulmans y étaient haïs, poursuivis, tracassés et martyrisés; toujours menacés d'arrestation et risquant la mort. Les combattants de l'Islam ne disposaient pas de la puissance militaire en vue d'assurer leur auto-défense. L'Hégire fut donc ordonnée. Le Prophète recommanda à ses adeptes de quitter la ville et de se diriger secrètement vers la Yathrib, seul ou par les petits groupes.

Ayant senti cet état, considéré d'ailleurs périlleux, les Quraichites tentèrent de leur rendre impossible le départ.

Ils prirent même en otages leurs épouses afin de dissuader les musulmans d'émigrer. Mais rien ne put empêcher les musulmans de quitter le bastion d'incrédulité, du polythéisme et de l'oppression. Les adeptes du prophète décidèrent d'accomplir l'Hégire car ils étaient conscients de la conséquence de cet évènement historique.

A vrai dire, dans la perspective conceptuelle islamique, le terme ne dénote point un simple déplacement géographique. Le terme signifie une rupture des relations affectives et/ou temporelles, une rupture toujours vivante et actuelle, l'abandon en partie ou en totalité; et enfin l'émigration symbolique.

En bref, la majorité des musulmans étaient partis, accueillis chaleureusement par les Médinois. La Mecque se vidait peu à peu des musulmans, ce qui faisaient

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1- Le Coran, 21:85.

peur aux Mecquois. A la suite des nouvelles inquiétantes parvenues de Médine, l'anxiété et l'appréhension des païens mecquois augmentaient de jour en jour. Après que toutes les mesures redoutables prises contre Muhammad et son mouvement religieux eurent échoué, ils cherchèrent à fomenter un nouveau complot contre le Prophète du Dieu pour atteindre définitivement leur objectif final. Cette fois-ci, il s'agissait d'assassiner le prophète. Les comploteurs confièrent la tâche à une bande terroriste composée des jeunes, un de chaque clan; pour que le crime redoutable soit partagé par presque toute la Mecque. Ceux-ci planifièrent de mettre à exécution leur mission nuitamment(1).

Ayant assiégé la maison du Prophète, ils surveillaient sa chambre, l'attendirent tout au long de la nuit, à la porte de sa maison. Les païens comploteurs furent persuadés que Muhammad privé du soutien de son clan, était alors sans protection et sans partisan à la Mecque, qu'il ne pouvait pas échapper à ce danger et qu'ils mettraient fin à son aventure à l'aurore.

De son côté, le Prophète demanda à Ali-celui dont la conscience et l'âme furent enracinées de l'Islam et qui ne fut point soucieux de la mort sur le chemin de Dieu, et pour sauver la vie de Muhammad-de coucher dans son lit et lui même en compagnie de Abu-Bakr quittèrent la Mecque discrètement. L'aube se leva et les agents des païens, dépités, virent Ali se lever du lit du Prophète!

Muhammad se réfugia nuitamment dans une caverne, ensuite lui et son compagnon s'acheminèrent vers la Yathrib par la route détournée.

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1- Ibn Hichâm, Çira, t. l, p. 480.

comment le Prophète put-il se délivrer du piège des assiégeants? on n'en sait rien! Quoi qu'il en soit, ce qui est certain. c'est que la Volonté Divine lui sauvegarda la vie et le complot des païens fut, à nouveau, voué à l'échec. Une autre fois, avorté la lâche conspiration, l'Omnipotence du Dieu se manifesta pour que la souveraineté divine règne et que l'humanité soit comblée de bienfaits.

* * *

Avant l'Hégire, un certain nombre de pèlerins médinois venus à la Mecque pour célébrer le culte du pèlerinage annuel embrassèrent l'Islam. De retour, dans leur ville natale, ceux-ci s'efforcèrent de propager la nouvelle Foi.

En communiquant les messages divins, ils parvinrent à orienter efficacement la perspicacité du peuple; ce qui fut un coup fatal à la prédominance de l'idolâtrie.

Médine fut régulièrement dévastée par des guerres tribales, et ses habitants pâtirent des hostilités, ils accueillirent alors l'Islam comme une idéologie libératrice qui leur octroierait le bonheur et la paix.

Certes, sans connaître l'état catastrophique de la péninsule d'Arabie de l'époque, on ne peut pas saisir le besoin impérieux de cette société d'une telle religion.

Pour en avoir un aperçu, il nous semble utile de citer la parole d'Ali (que paix soit sur lui), tirée d'une de ses harangues qui traite merveilleusement le problème en question:"Dieu envoya Muhammad en vue d'avertir le monde(1)".

"Il lui confia ses commandements. A l'époque, vous les Arabes, suiviez la pire des croyances, viviez dans la condition la plus épouvantable, vous versiez le sang, vous rompiez les relations humaines, toujours en conflit avec

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1- Nahj-ul-balagha, p. 83.

vos proches, mythifiés par les fétiches et les idoles, vous étiez prisonniers de vos péchés."

* * *

L'Hégire devint le point de départ dans l'histoire de l'Islam. Une nouvelle phase commença dans l'histoire de la religion islamique. Le mouvement de Muhammad s'affermit à Médine. Son appel fut entendu de maison en maison et s'enracina au fond des cœurs, cela donne naissance à "Umma", le terme coranique désignant "l'ensemble des groupes humains qui choisissent consciemment un chemin précis à parcourir pour arriver à un but commun".

La pensée créatrice et l'esprit logique de Muhammad inspiré par l'Omniscience lui permirent de bouleverser le système socio-moral destructif, des coutumes inhumaines qui prévalaient jusqu'alors. Il introduisit un ensemble d'ordres transcendants par lequel l'esclavage, l'oppression et l'agression disparaîtraient, les diverses souverainetés hérétiques seraient détrônées. Il mit en pratique la vertu, de même qu'il offrit également à l'humanité le credo islamique dans lequel la justice, les principes humanitaires étaient valorisés, Ce fut essentiellement sur ces directives que Médine se transforma, devint une base religieuse et sociopolitique.

Loin d'être un facteur négligeable, les expériences acquises à la Mecque, les épreuves de souffrance, de boycottage économico-social supportés, les programmes d'auto-formation conduisirent les Muhâjerines à franchir les étapes évolutionnaires. Les musulmans furent alors dotés des principes et des vertus islamiques, cela avec les conditions propices de Médine et la fidélité des Médinois favorisa la réalisation d'une sorte de spiritualité collective islamique. Les musulmans devinrent de plus en plus ingénieux et disciplinés, et Médine, le centre de gravitation du pouvoir temporel-spirituel de l'Islam

Médine

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devint donc une base non seulement pour islamiser la péninsule d'Arabie, mais aussi, celle destinée à étendre la religion islamique dans le monde entier.

C'est à partir de Médine que le Prophète de Dieu présenta l'idéologie islamique aux diverses nations. Il appela la totalité des hommes à se ranger sous l'étendard de la religion monothéiste. L'idéologie islamique se propagea, dans une période de moins d'un demi-siècle. Elle gagna les grands pays prospères d'autrefois, en bannissant l'âme et le cœur du monde. A l'ombre des offrandes que leur accorda la foi islamique, ils vivaient heureux.

Ceux qui dans l'ordre de la connaissance ne font qu'effleurer sans approfondir, attribuent la rapidité vertigineuse de la propagation de l'Islam dans un délai aussi bref au hasard, et même parfais, malicieusement, à la force de l'épée!

Ayant présent à l'esprit le fait que les évènements, tel que l'avènement de l'Islam, ne surviennent jamais d'une façon fortuite. On se demande si la création et l'instauration d'un système philosophique et juridique, grandiose soit-il, pourrait être le fruit du moral. Si hasard et la conséquence de la violence. Et encore est-il judicieux de croire que le hasard réalisa un tel fait, une fois et seulement une fois, dans la contrée d'Arabie, tout au long de l'histoire, pour ne plus jamais se produire?

Si l'apparition d'un personnage-présentant un idéal de philosophie, religieuse et morale, dans une région si pauvre intellectuellement, si éloignée des grands courants de la civilisation humaine, et qui put octroyer à l'humanité une ligne de pensée créatrice dont une civilisation

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majestueuse naquit, et de laquelle résulta l'épanouissement intellectuel et scientifique-fut tributaire de tels ou tels facteurs socio-politiques d'une communauté quelconque, comme le disent certains observateurs superficiels. on se demande encore pourquoi ce fait ne se répéta jamais, alors que les mêmes facteurs existèrent à plusieurs reprises dans la communauté en question.

Nulle réforme, nulle révolution issue de diverses conditions sociales ne se concrétise brusquement et sans avoir une corrélation étroite avec les faits précédents. Ces faits à leur tour, ne sont qu'une suite d'évènements de cause à effet et ainsi de su ite. L'ensemble des circonstances qui déterminera les modalités de la réforme, de la révolution. Il conditionnera également l'ensemble des caractères constamment d'ailleurs en voie d'évolution, du personnage qui l'anime. Autrement dit, le contexte social dans lequel il vit, va influencer sur son évolution, son orientation idéologique et sa formation spirituelle.

Le cas de Muĥammad, le Prophète de l'Islam, est essentiellement différencié dans la mesure où, premièrement, il ne fut pas un maillon de la chaîne de pensée se développant au sein de la communauté humaine, et que, deuxièmement, il n'y eut jamais dans cette société de formation préalable à l'ensemble des perspectives et des valeurs qu'il introduisit.

La dynamique de la révolution religieuse trouva son origine au fond de son âme sans que celle-ci fût sous l'influence des faits précédents. Ce ne furent pas la vigueur du mouvement des adeptes de Muĥammad, la ferveur pieuse des musulmans révolutionnaires qui formaient le noyau d'apostolat et qui contribuaient à son épanouissement. Au contraire,

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la force mobilisatrice de fervents adeptes du Prophète fut inspirée par Muhammad.

A vrai dire, la nouvelle vague apparue au sein de la communauté fut une partie d'un "tout", de celui de la révolution religieuse de Muhammad. Donc, Muhammad n'émergea pas de la révolution, ce fut la révolution qui naquit de lui. Ces remarques mentionnées, nous pouvons conclure que le mouvement révolutionnaire de Muhammad est beaucoup plus différencié des autres mouvements historiques. En étudiant la phénoménologie de l'Islam nous nous trouvons devant un mouvement étendu, englobant tous les aspects de la vie, où toutes les valeurs profondes, humanitaires se manifestent. C'est bien à la lumière d'enseignements islamiques que la société primitive fondée sur le tribalisme se transforma profondément, aboutissant à une communauté humanitaire, grandiose, merveilleusement structurée, dont la perspective dominante resterait éternellement l'idéal pour établir la communauté à échelle universelle dans laquelle l'ensemble de l'humanité se rangerait sous l'étendard de l'Unité Divine.

Il nous semble utile de jeter un coup d’œil sur ce qu'on a dit les grandes personnalités mondiales concernant le sujet en question. Nehru, le digne personnage célèbre d'Asie a écrit : "Chose surprenante, la race arabe qui semblait, durant des siècles, demeurée dans une contrée sans renom endormie, ayant perdu totalement sa vivacité, isolée du monde, ignorant apparemment tout ce qui s'y passait, se réveilla soudain, bouleversant avec une force vigoureuse le monde. L'aventure arabe et l'histoire de sa progression en Asie, en Afrique et en Europe, et avec la fondation d'une civilisation magnifique et une culture suprême, constituent

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un des merveilles du monde dans l'histoire humaine.

La pensée motrice qui éveilla le monde arabe et le combla de la confiance en soi et de la force créatrice ne fut que l'Islam prophétisé par Muhammad. Après avoir conquis, la Mecque, Muhammad envoya le message aux rois et aux souverains d'autrefois, les conviant à admettre l'existence du Dieu Unique, et à adopter volontairement l'Islam comme religion. Cela signifie, en effet, sa confiance en lui-même ainsi qu'en sa Mission Divine, Il put également confier le même sentiment au peuple, et l'inspirer, tant que ce peuple nomade parvint à dominer la moitié du monde.

L'Islam offrait comme message la fraternité et l'égalité partout où il était adopté. En comparaison avec les principes du christianisme déformé d'alors, ce message eut beaucoup plus d'attrait, non seulement pour les arabes, mais aussi pour d'autres nations qui se convertissaient à la foi islamique(1)".

D'où vint cet essor considérable? C'est l'évidence même que la formulation et la réalisation d'un tel bouleversement créateur et surprenant au sein de l'histoire humaine proviennent des principes religieux introduits par un personnage divin, c'est-à-dire Muhammad: le prophète de l'Islam. Le personnage qui n'eut ni la possibilité de disposer des moyens matériels indispensables, ni d'accéder à la source la connaissance philosophico-scientifique d'autrui, ni même d'acquérir une formation éducationnelle!

La métamorphose qui a conduit une telle société rétrograde, fermée à tout élan nouveau de l'âme et de l'esprit, de la dégénérescence à la gloire humanitaire et tout cela par un individu terrestre - ne peut être considéré comme

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1- Nehru, Un regard sur L'histoire du monde, t.l p. 317, 322.

un phénomène naturel. Au contraire, cela est tout à fait significatif, révélant une force surnaturelle incarnée par un personnage divin.

Aujourd'hui, l'Islam a quatorze siècles d'histoire derrière lui, toujours brillant et dynamique. Le saint Coran, et l'idéologie islamique qui implique la béatitude de l'homme, a parcouru le monde, démontrant ainsi sa supériorité indéniable sur les autres livres sacrés. Le noble nom d'Allah et de son envoyé, cet être suprême, courent sur les lèvres et dans les cœurs de millions d'individus. Ce sont également ces noms, qui chaque jour et aux quatre coins du monde, chantés du haut des minarets, emplissent l'Univers avec une magnificence pleine de sainteté et de spiritualité, pénétrant au fond de l'âme, purifiant le cœur. C'est bien la réalisation d'une Promesse Divine. Comme Allah annonça à Muĥammad :

"Nous avons exalté la renommée(1)".

Mieux connaître le Coran

Il y a une concomitance réciproque entre la prophétie et le phénomène du miracle. Ce dernier pourrait être, d'une part, considéré comme la démonstration le plus manifeste pour désarmer les mécréants dont la conduite est perpétuellement dominée par l'illogisme, et d'autre part, pour démontrer la relation existant entre le prophète et le monde suprasensible. Bien que toute Mission divine soit fondée sur un principe originalement unique dotée de multiples aspects en conformité avec les conditions et les exigences temporelles, tous prophètes poursuivant les mêmes objectifs et enseignant un credo sensiblement semblable, la nature et la modalité de leurs miracles furent toujours adaptées à la circonstance socioculturelle de la communauté dans laquelle ils vivaient, et cela

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1- Le Coran, 94:4.

suivant le degré d'évolution intellectuelle humaine et la particularité temporelle.

Il semble que l'une des raisons de la diversité du miracle est celle-ci: pendant le cycle des prophètes précédents, la tendance intellectuelle humaine s'orientait sous l'influence des pratiques de sorcellerie. Ainsi la portée de la pensée humaine fut limitée dans des champs de perceptualisations primitives, vidées de tout contenu réel. Les sorciers, ayant envahi l'horizon spirituel, le reléguèrent asphyxiant le peuple en lui imposant la rigidité d'esprit. Cela éloignaitpar conséquent, la créature du Créateur.

Faire annihiler ce phénomène était nécessairement une des tâches de toute Mission, prophétique. C'était, pourquoi Les prophètes chargés d'une Mission, armés d'une puissance supranaturelle incomparable, tentèrent d'attaquer vigoureusement l'origine de ces déviations.

Ils purent ainsi avec le renfort de leur compétence divine et miraculeuse briser la force diabolique qui provoquait l'éloignement des créatures du Créateur, désensorcelant également le talisman de maléfice qui emprisonnait l'esprit humain. Ce fut la périgée de la domination de sorcellerie et l'apogée de la gloire humaine. Une fois atteint cet objectif, les prophètes présentaient les principes réalistes de la Loi divine pour guider l'homme sur le chemin où la perfection et la plénitude de sa faculté se réalisent, là ou toute dimension de la vie humaine tend à se réunifier à la divinité.

Le Prophète de l'Islam ne fut point exclu de cette règle universelle. Il dut accomplir sa Mission prophétique dans une société où le point culminant de la sagesse fut exclusivement incarnée et fixée sur l'axe de l'éloquence et du don de la parole.

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La poésie atteignit alors son apogée. Les poètes étaient réputés pour leurs poésies lyrique, épique et d'autres innovations littéraires. Cet enthousiasme factice, ne faisait d'ailleurs pas partie des problèmes vitaux de la vie, les empêcha de découvrir d'autres champs de la connaissance plus réelle et plus utile, et de prêter attention à la cause sublime de l'Etre.

Dans une telle circonstance, Dieu arma son Prophète du Saint Coran qui rassemblait, du point de vue de l'éloquence, aux chefs d’œuvres littéraires, mais était muni d'un contenu profond extraordinairement singulier, La douceur des expressions littérales et l'attraction divine des versets véhéments remplissaient d'extase le cœur du monde. Les rhétoriciens arabes comme ceux qui connaissaient la figure rhétorique surent que l'éloquence des versets coraniques fut au-delà de la compétence humaine. Il était impossible d'entendre un verset et de saisir le contenu du message divin sans être profonde. ment influencé. C'est pourquoi ils adhérèrent à l'Islam dès les premiers versets révélés.

Le choix du Coran comme un miracle peut-être justifié dans la mesure où celui-ci ne s'adresse pas seulement aux arabes d'autrefois dont nous venons d'esquisser brièvement la caractéristique, mais aussi à l'ensemble de la communauté humaine tout au long de l'histoire. La nature des miracles des prophètes précédents fut bien différente, caractérisée et adaptée pour un espace temporel limité. Cela signifie, d'ailleurs, que leurs lois sacrées ne furent que temporaires. Mais comme la prophétie de Muhammad fut universelle, et complémentaire de toutes Missions prophétiques, elle ne se contentait jamais du miracle provisoire. Au contraire, elle

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devrait s'appuyer sur un miracle éternel, valable toujours comme une preuve de son éternité, Pour signifier un Ultimatum à une génération précise aussi bien qu'à celle de l'avenir, une prophétie, dont l'essence est permanente, doit présenter à l'humanité le miracle constant, ayant la capacité d'avancer avec le temps, car on ne peut pas s'appuyer sur un miracle éphémère dont l'effet ne se fait pas sentir de génération en génération.

C'est ainsi que le Coran se réclame d'éternité et comme la dernière manifestation de la Révélation divine.

Le Prophète de l'Islam, dès sa Mission, et sans aucune arrière-pensée, présenta l'Islam à l'ensemble de l'humanité comme une religion universelle, au-delà de toute frontière géographico-raciale. Il mit en relief la véracité du Coran comme un témoignage d'authenticité de la dernière Mission divine et la fin du cycle prophétique. Il ne faut donc pas envisager le Saint Coran comme l'arme d'une idéologie éphémère e permettent de passer par un stade inférieur pour atteindre un stade supérieur, selon une évolution déterminée. En effet, il comporte l'ensemble des idéologies dynamiques destinées à l'homme dont le but consiste à l'élaboration soigneuse des systèmes opérationnels parfaits qui engloberaient tous les aspects moraux, sociaux, économiques, et politiques de la vie humaine.

Le style du texte coranique se situe sur un plan qui lui est exclusivement propre, aborde ainsi les différents thèmes enrichis par l'analyse minutieuse des événements historiques et ceux concernant le cycle prophétique de Muhammad, des mythes symbolisés contenant les perspectives constitue l'objectif, la voie et l'élévation de l'homme.

Le mystère de

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la transformation spirituelle et le mouvement socio-historique dont la force motrice fut l'idéologie islamique ne peut être appréhendée sans mettre en lumière la philosophie de la révélation épisodique et graduelle du Coran. Il faut noter qu'à l'époque, les arabes jâhilites, arriérés, à l'esprit obtus, envisagèrent cette particularité comme un défaut, alors que celle-ci, toujours en conformité aux circonstances, joua un rôle prépondérant dans la victoire de l'appel prophétique.

De même que remédier une maladie chronique exige un long traitement progressif, lutter contre les éléments qui ont perpétuellement déraciné des hommes de leur nature primordiale, et qui les ont empêché d'atteindre une étape proche de la perfection humanitaire nécessiterait l'existence et l'application d'une doctrine originale, d'un système intégral pluridimensionnels à la lumière desquels les hommes peuvent se libérer de l'emprise de tous vices qui les éloignent de soi-même, ce qui n'est pas le cas pour une idéologie dénuée de cette force créatrice dont, la portée est restreinte au temps et à l'espace déterminés.

Et c'est l'Islam pourvu de sa particularité, qui a constamment pu répondre aux besoins essentiels de toute société même si leurs caractéristiques sont fort diverses.

L'attitude des musulmans à l'égard du miracle du Coran est plutôt de l'ordre de la Conviction religieuse, mais les prises de position des savants et des chercheurs sur ce point sont manifestement dues du fait qu'ils ont constaté que le Coran porte en lui-même les germes d'une doctrine élaborée contenant une richesse éblouissante, scientifique et éducative et une force directrice, et donc la preuve d'un miracle

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divin continuel. Le Saint Coran est la référence suprême dans le domaine des recherches et de la Quête spirituelle. Il peut être également, dans toute tranche spatio-temporel, le pivot sur lequel reposera la base d'une société pour que toutes valeurs et grandeurs humaines, sous toutes leurs dimensions, s'épanouissent et que s'ouvrira la voie menant à une société idéale, à une théocratie suprême.

Il y a quatorze siècles que le Saint Coran fut révélé.

L'homme, durant cette période, a connu bien de péripéties, passant des étapes de développement et d'évolution. Il s'est informé des secrets de la genèse à une échelle grandiose. Pourtant à l'épreuve de tout progrès humain, le Coran a démontré sa dignité ainsi que son authenticité ultra-scientifique.

A l'époque de la Révélation, où la pensée et l'activité intellectuelle n'étaient pas si avancée que maintenant, cet aspect miraculeux du Coran constitue une des preuves établissant la véracité de la Mission prophétique de Muhammad. De même à présent que les expériences scientifiques et la connaissance objective octroient à l'homme la possibilité de franchir les frontières jadis inconnues, les savants ont remarqué dans le Coran, les merveilles révélant ses dimensions miraculeuses. Cette mise en valeur scientifiquement connue et digne d'estime et singulièrement expressive dans la mesure où elle met en évidence que conforme, ment à chaque âge, le Coran nous offre ses apports nouveaux et que nous pouvons toujours découvrir de nouveaux horizons.

Aller vers la Foi à travers la science et la réflexion comme le Coran nous y invite constamment, est le miracle de

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la mission divine du Prophète. Se borner intégralement sur le miracle perceptible ne serait pas cohérent avec la nature de la mission divine qui doit être le Sceau du cercle prophétique. Il n'est pas non plus compatible avec la complémentarité de la raison et avec la volonté libératrice que l'Islam vise comme un de ses objectifs essentiels. Ainsi le Dieu-Loué et exalté soit-Il, a préparé l'ensemble de l'humanité et au long des millénaires pour que celui-ci se conduise, enfin, vers le but final.

Les recherches coraniques seront mises en valeur si l'esprit est débarrassé des images préconçues ou préfabriquées. Car une persévérance aveugle et les préjugés séculaires sur la base de ses propres conceptions ne produisent que la stagnation et la rigidité de l'esprit et ceci est l'écueil que tout chercheur équitable et conscient doit esquiver.

On doit admettre cette réalité fondamentale que le Coran est supérieur dans la mesure où il ne peut être considéré comme l’œuvre d'un groupe de savants, de même qu'il n'est pas le fruit d'un effort ou d'une déduction d'une seule personne; d'autant plus qu'il s'agissait d'un homme illettré que n'avait jamais été le disciple de quiconque et qui avait été élevé dans un milieu décadent et ignorant: celui de la péninsule arabe qui n'avait à cette époque aucune relation avec la science et la philosophie.

Lorsqu'on contemple le système et les dispositions préconisés par le Saint Coran en vue de la perfection humaine et de sa béatitude et en les comparant aux idées précédentes, on constate alors

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qu'il ne provient pas de celles-ci et qu'il ne leur ressemble point. Il s'agit, au contraire, d'un phénomène tout à fait nouveau, jouissant d'une originalité sans précédent. Dans sa finalité figure le changement des communautés humaines et le renouvellement de leurs organisations sur la base de la justice ainsi que l'égalité et l'émancipation des déshérités et des opprimés.

Le Saint Coran évoque l'histoire des nations de jadis et de leurs prophètes et décrit en détail les événements et les circonstances de leur vie. On ressent alors la réalité, avec une splendeur sans pareil, à travers les histoires et les événements que traite le Coran.

Accréditer l'hypothèse selon laquelle les histoires citées dans le Coran seraient la copie conforme de l'Ancien Testament et de l'Evangile est une analyse qui doit être catégoriquement rejetée en raison du rôle positif du Coran dans les démonstrations de l'histoire prophétique. En effet, il corrige et rectifie les légendes concernant la vie des prophètes. Il enlève d'ailleurs les fards sacrilèges qui ont maquillé le vrai visage des prophètes et qui ne sont pas compatibles avec la nature originale de l'Unité divine. De plus, ces légendes sont contraires à la raison et à la vision religieuse divine. En effet le rôle de la transcription est négatif car toujours caractérisé par l'imitation et la citation.

Un savant français, le Dr. M. Buccaille en a bien fait remarque. "Dans les pays occidentaux, juifs, chrétiens et athées s'entendent unanimement pour avancer- sans d'ailleurs la moindre des preuves- que Muhammad a écrit ou fait

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écrire le Coran en imitant la Bible. On avance que des récits coraniques d'histoire religieuse reprennent les récits bibliques. Cette prise de position est aussi légère que celle qui amènerait à dire que Jésus aurait trompé lui aussi ses contemporains pour s'être inspiré de l'Ancien Testament au cours de sa prédication: tout l'Evangile de Matthieu est, on l'a vu, fondée sur cette continuité avec l'Ancien Testament.

Quel exégète aurait l'idée d'enlever à Jésus son caractère d'envoyé de Dieu pour ce motif? C'est bien ainsi, pourtant, qu'en Occident le plus souvent on juge Muhammad: il ne fait que copier la Bible, jugement sommaire que ne tient aucun compte du fait que, sur un même événement, Coran et Bible peuvent donner des versions différentes(1)".

Le savant continue ainsi sur le sujet de la création: l'accusation n'a pas le moindre fondement.

Comme un homme aurait-il pu, il y a près de quatorze siècles, corriger à ce point le récit qui avait cours en éliminant des erreurs du point de vue scientifique et en énonçant de son propre chef des données dont la science démontrera finalement l'exactitude à notre époque.

Une telle hypothèse est insoutenable... Indiscutable est l'existence de ressemblances entre les récits bibliques et les récits coraniques à propos d'autres sujets. en particulier ceux qui concernent l'histoire religieuse. Il est d'ailleurs très curieux de remarquer, à ce point de vue, que si l'on ne fait pas grief à Jésus d'avoir repris l'évocation de faits du même ordre et des enseignements bibliques, on ne se sent nullement gêné,

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1- M. Buccaille. "La Bible, le Coran et la Science" p. 178, 207.

dans nos pays occidentaux, pour reprocher à Muhammad de les reprendre dans sa prédiction, en suggérant qu'il est un imposteur puisqu'il les présente comme une Révélation. Mais où est donc cette preuve de la reproduction par Muhammad dans le Coran de ce que des rabbins lui auraient appris ou dicté?

Elle n'a pas plus de support que l'affirmation selon laquelle un moine chrétien lui aurait donné une solide formation religieuse. Qu'on relise ce que R. Blachère dit de cette "fable" dans son livre.

C'est à travers ces constatations que le chercheur objectif, en quête de la Vérité, n'attribue au Coran aucun source d'inspiration autre que celle de la Révélation divine. Le livre qui est à la fois, comme tel, la raison convaincante de la mission prophétique et la manifestation du miracle du Prophète. Et c'est pour cela que le Coran se caractérise en tant qu'un miracle profond éclairant éternellement la Voie qui désigne le Prophète de l'Islam.

Etant un Miracle, le Coran conserve tout au long des siècles la valeur divine de ses enseignements, de son credo et de ses Lois. Et par là, il concrétise le credo dans la matrice des mots et des phrases miraculeux. Dieu l'a voulu ainsi pour sauvegarder sa religion contre les intrigues des ennemis rancuniers et pour neutraliser leur complots. Ces complots ont avorté grâce aux formes intangibles du credo. La main des ennemis qui essaient de falsifier les textes et de violer la substance du credo en vue de le modifier et de le changer sera

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coupée, et ils finiront par perdre tout espoir. Les Enseignements et les Lois de Dieu continuent au cours des temps sans qu'ils soient touchés par la main du changement.

Il y a un autre aspect parmi les aspects du miracle du Coran, et qui est, à son tour fascinant et attirant. Là il s'agit de la révolution mondiale et de la Civilisation grandiose qu'a créé l'Islam dans la vie humaine. Dans l'étude de l'Islam se trouve une observation qui mérite une analyse profonde; c'est le fait qu'il n'a été aidé par aucun facteur extérieur dans la formation d'une nation et d'une société mondiale. Et cela parmi un peuple belliqueux, bien qu'éparpillé, divisé et privé de la science et de la réflexion libre, ne songeant même pas à l'unification de ses tribus. Il pose les bases d'une civilisation à dimensions étendues. Ensuite, il a créé les facteurs pour changer le monde et ses lois en appelant à l'action afin de tendre vers la liberté de pensée, l'esprit scientifique et le respect de la science. Tout cela est issu de l'essence de la culture coranique et du système islamique. La création de tout cela ne revient à aucun. gouvernement ni à aucune force extérieure à cette société qui a créé ses mains et qui a été pénétrée profondément par son âme.

Et même ceux qui ont occupé les terres musulmanes, qui ont attaqué les musulmans avec leurs forces armées et qui ont vaincu militairement, ont brusquement perdu la capacité de résister à la force

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morale de l'Islam et sont venus pour se convertir à la religion de la nation vaincue militairement.

L'histoire ne montre pas d'exemple d'attaquant victorieux qui embrasse la religion de la nation vaincue.

Et pourtant cela s'est produit dans le cas de la religion islamique.

Le Défit Coranique

Le Coran a été révélé en langue arabe qui est l'une des plus riches du monde. Elle jouit d'une structure stricte et, d'un vocabulaire étendu, d'une clarté limpide et d'une suprême beauté. Le Coran est apparu subitement dans les ténèbres antéislamiques. Mais il se différencie de la langue arabe courante de l'époque, dans ses caractéristiques et la façon de traiter les divers sujets, et de les exposer dans de courtes phrases.

A l'époque de la révélation des versets coraniques, l'art de la prose et de la poésie arabes atteignit son point culminant. Les oeuvres littéraires créées par les poètes et les romanciers éloquents étaient fascinantes et se caractérisaient par une attraction reflétant cette fascination. La littérature était l'apanage de la classe sociale supérieure. Dans ces conditions, le Coran, l'effet authentique du Prophète de l'Islam fut révélé. Et ses constituants sont les mêmes lettres et les mêmes mots accessibles à tout le monde. Cette Révélation s'est étendue sur une période de vingt-trois ans, suivant les circonstances particulières qui guidaient ainsi, pas à pas, le Prophète et ses compagnons vers le but et les objectifs suprêmes.

Son vocabulaire, ses mots de haute valeur expressive, et ses paroles sont mesurés, avec des mots attirants, caractérisés par une beauté et une douceur extraordinaires

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aux significations précises.

Ses locutions rythmées, ses structures élégantes et la beauté formelle de ses versets aux significations profondes apparaissent comme une autre manifestation du miracle coranique. Lors de la révélation du Coran le peuple arabe fut confronté à un nouveau langage qui n'était ni de la poésie ni de la prose. Car le ton du Coran, plus attirant que la poésie et plus expressif, plus éloquent que la prose pénétrait aux tréfonds de l'âme et bouleversait son auditeur. Ce langage différait d'une façon fondamentale du langage du temps au niveau de la suprématie des concepts, de la pureté, de la beauté du style et de l'exposé de significations précises dans une forme très vivante.

Par ses lois précises et sa logique claire le Coran met à la disposition de l'homme l'institution rigoureuse pour mener une vie libre, saine et féconde. Il l'inspire à agir afin de réaliser une épopée historique sans équivalent, pour imposer sa volonté de justice aux tyrans et aux oppresseurs en démystifiant leurs forces diaboliques. Le Coran ouvre la fenêtre de la pensée, menant l'homme au cœur de la Vérité. Il encourage la réflexion, loin du dogme et du zèle opiniâtre.

Le Prophète, dès qu'il a commencé sa mission pour répandre la doctrine monothéiste, a invité l'homme au réalisme. Pour embrasser la foi, il lui a montré comment jouir des yeux pour regarder et ensuite contempler, et des oreilles pour entendre et ensuite méditer. Il brise les chaînes des mœurs et de l'habitude et l'attachement aveugle à l'héritage des

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ancêtres. Il s'efforce ensuite de les persuader de ne plus insister sur leurs croyances polythéistes rétrogrades. Il ne recule pas devant la torture et l'amertume jusqu'à l'accomplissement de sa Mission divine pour la béatitude de l'homme.

De nombreux mécréants ne se permettaient pas d'entendre le Coran, conscients de son prodige et craignant leur propre faiblesse devant l'influence profonde qu'il exerçait dans leur cœur. Ce qui pourrait les inciter à embrasser la religion islamique - les historiens disent : "La force d'attraction du Coran sur l'âme fut telle que quelques infidèles Quraychites se cachaient dans la nuit derrière la maison du Prophète jusqu'à l'aube afin d'écouter la lecture du Coran, merveilleuse pour le cœur et qui coule de la langue du Messager de Dieu(1)".

Depuis la révélation du noble Coran, le Prophète a annoncé et avec toute sincérité que le Coran vient de Dieu - qu'il soit loué et exalté - et qu'aucun être humain n'est capable d'en produire un semblable. Et que ceux qui n'y croient pas essaient et demandent l'aide dans cette démarche à quiconque. Mais ce défi n'a pas trouvé de réponse pratique. Personne n'a présenté même une courte "sourate" ressemblante au Coran.

Le Coran n'a pas seulement défié les hommes qui vivaient à l'époque du Prophète, il a parlé à tout le monde, et a invité l'humanité à chaque époque et l'a défiée. Pour manifester l'incapacité universelle, pour démontrer le caractère inimitable du texte coranique, il a dit dans un message mondial:

"Dis: Quand même hommes et djinns s'uniraient pour apporter

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1- Ibn Hichâm, Çira, t. l, p.386.

le semblable de ce Coran, ils n'en sauraient apporter le semblable, même s'ils se soutenaient les uns les autres(1) ».

Puis il a changé la formulation du défi en renonçant, et a dit:

"Diront-ils: il a blasphémé? dis: apportez donc, en blasphémant une dizaine de sourates semblables à ceci, et invoquez; qui vous pourrez, hormis Dieu, si vous êtes véridiques(2)"

Ensuite il a réduit les conditions du défi dans une troisième phase, à un niveau extrême, et a demandé à ce qu'on crée une sourate ressemblante en annonçant:

"Et si vous êtes en doute sur ce que Nous avons descendu à Notre serviteur, apportez donc une sourate semblable, et apportez hormis Dieu vos témoins, si vous êtes véridiques(3)"

Alors que l'on sait qu'il y a de courtes sourates dont les versets ne dépassent pas quelques courtes phrases.

Avec ce défi, le Coran a prouvé leur incapacité, même de présenter une courte sourate ressemblant au Coran.

Le merveilleux, c'est qu'un prophète avec une telle richesse littéraire les invites par ce défi exigeant et constant, or il avait vécu parmi eux pendant quarante ans, n'ayant jamais participé à aucune compétition poétique, ni acquis aucun privilège dans le domaine de l'aphonie.

Il ne faut pas oublier que ce défi a été lancé dans une nation qui s'est exposée de sérieux dangers suite à l'attaque du Coran envers le tenant de l'associatisme. Le Coran menace de disparaître leurs fortunes, leurs coutumes et leurs positions sociales. Si le peuple arabe avait pu affronter le Coran, il aurait répondu au défi en s'aidant des

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1- Le Coran, 17:88.
2- Le Coran, 11:13
3- Le Coran, 2 :23.

maîtres d'éloquence, qui n'étaient pas rares à l'époque, et ils auraient réfuté et dénoncé ses preuves, réalisant ainsi une victoire historique immortelle.

En dehors de cela, par l'exercice et la pratique on parvient à imiter n'importe quel mode d'expression, Mais cette règle générale n'est pas valable dans le cas du Saint Coran. La pratique permanente du style coranique ne permet à personne de reconstruire l'équivalent. Ce fait dévoile une réalité profonde selon laquelle l'imitation du Coran est hors du domaine de l'acquisition humaine. Aucun livre de la valeur du Coran n'existe dans l'histoire de l'humanité: ce qui montre le caractère inaltérable du miracle coranique. Cette réalité y compris, la parole et les discours du prophète lui-même, ne ressemblent point au Coran en ce qui concerne le style et l'éloquence.

Si les adversaires avaient été en mesure de créer une oeuvre de la valeur du Coran, ils n'auraient pas eu besoin d'avoir recours aux guerres meurtrières et d'en supporter les conséquences humaines et financières.

Pour étouffer dans l’œuf le nouveau-né mouvement islamique, ils auraient pu s'en tenir à des moyens faciles tels que la propagande et la guerre psychologique.

Bien que les opposants aient utilisé toutes leurs forces et leurs capacités pour mettre fin à ce mouvement, ils se sont heurtés à l'échec. Ils n'ont d'ailleurs pu marquer ou relever aucune faute ni peccadille dans le Coran.

Ils avouèrent que le Coran est infiniment supérieur à la pensée et au langage humain.

Les versets du Coran gagnèrent les cœurs avec une rapidité sans précédent. Les esprits éclairés

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les accueillirent de tout cœur, mais les partisans de l'ignorance et de la rigidité de l'esprit, qui ont toujours méprisé la sagesse et qui vivaient dans la marée de l'obscurantisme lui furent hostiles et intriguèrent. Pour voiler la réalité miraculeuse, ils attribuèrent au Coran la qualification de magie!

Tandis que les musulmans néophytes étaient l'objet de tortures et de mépris constant, leurs antagonistes se moquaient d'eux et faisaient pression sur l'esprit du peuple, l'empêchant de réfléchir librement. Même, ils eurent recours à des moyens infantiles, preuve de leur incapacité et de leur indigence pour faire face à une lutte idéologique. Par exemple, ils ordonnèrent à certains des leurs de manifester bruyamment et de huer le prophète alors qu'il lisait les versets coraniques, pensant ainsi détourner l'attention du peuple de la splendeur magnifique du message divin. Les méthodes des chefs de Quraych et leur insistance opiniâtre pour empêcher l'extension du message coranique démontraient combien la lutte entre la force de la vérité et celle de l'erreur était sérieuse et décisive pour le destin de l'humanité. Le Saint Coran fit allusion à cette attitude belliciste en dénonçant leur rôle négatif et dit:

"et ceux qui mécroient disent: ne prêtez pas l'oreille à la lecture du Coran et parlez haut pour couvrir la voie de ceux qui le lisent, peut-être aurez-vous le dessus(1):

Mais cette rupture de relation intellectuelle qui fut imposée au peuple par l'oppression et la force. ne fut qu'éphémère. Et lorsque l'esprit du peuple se libéra du joug qui le rendait esclave, la

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1- Le Coran, 41:26.

situation changea, et même certains des chefs de l'associationnisme, fanatique de tradition arabe pré-islamique, s'approchèrent du prophète en se cachant derrière les rideaux de la Ka'aba pour écouter la lecture vivifiante des versets coraniques pendant que le prophète priait.

Cela nous montre à quel point l'image du Coran a pénétré dans la profondeur de l'âme. De même qu'il peut être considéré comme une preuve de l'incapacité des mécréants à s'opposer efficacement à l'appel du Coran, d'où leur défaite totale.

Ce miracle se situe à l'avènement de l'Islam en un temps où les littérateurs éloquents les plus brillants se virent incapables de l'imiter ou le concurrencer. De nos jours, quatorze siècles après la naissance de la lutte islamique, le progrès scientifique nous a ouvert de nouveaux horizons et nous permet de mieux connaître la structure exclusive inimitable du Coran et son éloquence ainsi que son origine divine et ses miracles infinis dans d'autres domaines variés. Cela nous amène à reconnaître son origine, à savoir qu'il s'agit d'un miracle éternel.

La nature de la révélation est restée immuable envers les mécréants et l'appel divin résonne toujours à haute voix dans l'espace pour annoncer au monde:

"Si vous êtes en doute sur ce que nous avons fait descendre, venez donc avec une sourate semblable(1)"

Aujourd'hui comme hier il se trouvait parmi les linguistes et les spécialistes de la littérature arabe des ennemis acharnés qui manifestaient leur hostilité vigoureuse envers l'Islam et ils n'auraient pas hésité, s'ils l'avaient pu, à créer une sourate semblable aux versets divins miraculeux,

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1- Le Coran, 2 :23.

et éternels.

Pourquoi ceux qui nient l'authenticité de la prophétie de Muhammad refusent-ils la voie simple proposée par cette religion divine pour s'aventurer sur les chemins les plus longs et les plus tortueux afin d'anéantir l'Islam?

N'est-ce pas la preuve que les portes restent closes devant l'homme qui veut lutter contre le Coran?

Un savant anglais a dit: "Même si on éparpille les mots constituant les versets coraniques, on ne pourra jamais les remodeler, sauf si on remet chacun d'eux à sa place originale".

Avec l'écoulement du temps assez long, on a une image claire des particularités du Prophète de l'Islam, supportées par les documents historiques. Les historiens sont d'accords sur le fait que le prophète fut élevé parmi des illettrés. Il ne connaissait pas l'écriture, ne l'ayant pas apprise et n'ayant pas eu de précepteur. Le Coran annonce cela devant une société au sein de laquelle le Prophète a vécu durant toute sa vie. Il dit:

"Et auparavant tu ne récitais pas le livre, ni ne l'écrivait de ta main(1)".

S'appuie sur ce fait pour attribuer la divinité à sa Mission prophétique; est-il possible que quelqu'un déclare, contrairement à la réalité et devant la majorité de la communauté, qu'il est illettré, n'ayant reçu aucune forme de scolarisation, et que personne n'ouvre la bouche pour le contester?

En principe, la société de cette époque était dans l'obscurité et l'idée de maître et de savant lui était étrangère. Il n'existait pas de cours et on ne pouvait donc pas y assister. Le nombre de ceux qui savaient

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1- Le Coran, 29 :48.

lire et écrire était très limité, ne dépassant pas le nombre des doigts.

Aucun historien n'a trouvé aucune source montrant que Muhammad a lu une ligne ou écrit un mot avant sa Mission prophétique. Le plus surprenant est qu'un homme illettré devienne le port-drapeau de la science et de la pensée libre. Dès sa prophétie et son entrée sur la scène de l'histoire, l'humanité put atteindre une nouvelle étape de progrès.

Avec un élan foudroyant, il fit entrer son peuple dans le monde de la lecture et de la science. Il posa les bases fondamentales d'un mouvement pour faire adopter par une communauté décadente le plus grand maillon d'une civilisation grandiose et une culture universelle. Ainsi après quelques siècles, il a offert au monde de grandes institutions scientifiques et de grands chercheurs.

En considérant ces réalités et le point de vue de personnalités scientifiques non-musulmans concernant le phénomène de l'Islam, nous saisissons mieux la profondeur du miracle coranique.

Constant Virgil Gheorghiu a dit: "Quoiqu'il fut illettré, les premiers versets révélés mettent en valeur la plume, la science, l'éducation et l'enseignement. On ne connaît pas des doctrines qui se sont intéressées à la science et à la connaissance à un tel point. Si Muhammad avait été un savant, la révélation, réalisée dans la caverne d'"Hirrâ'' n'aurait pas causé d'étonnement parce que le savant connaît la valeur de la science. Mais il était illettré, n'avait pas appris chez aucun maître. Je félicite les musulmans du fait que leur religion s'intéresse dès son début à l'acquisition de

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la connaissance et lui prête une grande importance(1)".

Le Docteur I. Veccia Vaglieri, professeur à l'université de Naples, a dit dans son livre: "Le livre céleste de l'Islam est un exemple miraculeux inimitable. Il n'a pas de précédent tant pour le style que pour la structure et le contenu, dans la littérature arabe. Son influence spécifique sur l'âme humaine est issue de ses particularités et de sa suprématie. Comment se peut-il qu'un tel livre soit l’œuvre de Muhammad, alors que celui-ci était un arabe illettré? On observe dans ce livre des trésors de science qui dépassent l'intellect des grands philosophes et politiciens. C'est pour cette raison aussi que le Coran ne peut être l’œuvre d'une personne éduquée(2)".

B. W. Smith dit dans son livre intitulé "Muhammad et la religion musulmane"(3) : « Je crois de toutes mes forces qu'un jour viendra ou la plus haute philosophie, les sciences humaines et les principes du christianisme les plus sincères témoigneront que le Coran est un livre divin et que Muhammad est le Messager de Dieu. C'est Dieu qui a choisi un prophète sans aucune formation éducative préalable pour nous offrir le Saint Coran, le livre qui au long de l'histoire a inspiré la naissance de millions de livres, d'opousculs et de traités, enrichissant les bibliothèques du monde. Il apporte à l'humanité des systèmes philosophiques, juridiques, pédagogiques et les principes axiomatiques des idéologies. Il se leva dans un milieu ignorant, privé de la science et de la civilisation humaine. Dans toute la Médine, il n'y

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1- V. Ghearghieu, La vie de Mohammad, 2P. 45
2- Vaglieri, "La voix de l'Islam en Italie", p.55
3- B.W. Smith. l'Elan de l'Islam, p.49.

avait que onze personnes qui savaient lire et écrire, et dans la grande tribu de Qurayche dispersé autour de la Mecque et sa région, il n'y avait que dix-sept hommes alphabétisés. Les enseignements du Coran dont les premiers versets mettent en valeur la science et la plume ont créé une grande évolution dans ce domaine. Selon les préceptes de l'Islam, l'acquisition de la science est devenue une prescription divine pour chaque musulman et musulmane. L'encre des écrivains et des savants vaut davantage que le sang des martyrs.

Sur la voie des orientations du Coran et à la lumière des préceptes coraniques, de nombreux savants se sont formés, et des livres innombrables ont été écrits. Les disciplines scientifiques diverses prennent leur source dans le Coran, ont été propagées aux quatre coins du monde par les grands penseurs islamiques, illuminant ainsi, grâce à la lumière coranique, la communauté musulmane, et le monde entier.

Le Coran et la Science

point

On peut envisager le Coran sous différents angles, selon la perspective dans laquelle on se place. L'un d'entre eux pourrait concerner les aspects esthétiques et artistiques du Coran. De ce point de vue on ne considère que l'apparence du Coran, sa qualité formelle, et sa richesse littéraire au niveau de l'expression. Là, on constate que le saint Coran se particularise extraordinairement par sa beauté de style, sa grâce d'expression et la puissance de son langage. La forme est hautement poétique, mais sans être de la poésie qui est toujours mêlée d, hyperboles poétiques imaginaires. Par ailleurs, la majesté du

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texte coranique ne peut être considérée que purement paradisier, du fait que sa beauté sonore est le summum du lyrisme- lyrisme d'une nature d'attraction spirituelle, extra-linguistique dont le ressentir ne se limite pas à la frontière conventionnelle d'aucune culture, d'aucune nationalité. C'est ainsi qu'un lecteur familier au langage coranique, s'enthousiasme profondément pour son charme et sa beauté sans exemple.

Mais ce qui nous intéresse actuellement et nous allons l'esquisser brièvement dans les pages qui suivent, c'est plutôt l'aspect scientifique du Coran. Il faut tout d'abord souligner que le Saint Coran n'a pas pour but de mettre en lumière les faits scientifiques en révélant tous les facteurs en jeu qui dominent la totalité phénoménale de notre monde et qui à leur tour, sont soumis à un système rigoureux de lois. Il ne faut pas non plus attendre qu'il suive l'étude détaillée des thèmes scientifiques dans ses diverses branches et qu'il analyse les points obscurs, jusqu'à l'heure inintelligibles à la pensée humaine.

De fait, l'homme porte en lui-même les dons divins: la raison et la pensée qui le rendent capable d'aller jusqu'à l'extrême de sa puissance intellectuelle, pour chercher, de s'efforcer de découvrir les moyens lui permettant la domination de toute force qui réside dans la nature et de l'utiliser dans l'intérêt de l'humanité. En effet, l'objectif suivi par le Coran consiste à rendre à l'homme toute sa noblesse et sa dignité, le fait élever comme l'individu responsable, le fait évoluer sous ses multiples dimensions, et encore épanouit à l'intérieur de lui-même toutes valeurs

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humaines et spirituelles. L'épanouissement d'un tel homme nécessite, d'une part, la transformation profonde de celui-ci, la négation totale de toute anti-valeur futile pouvant enchaîner l'esprit humain, et de l'autre, la substitution des valeurs constructives, d'où l'invitation du Coran avec l'insistance à la réflexion, à la contemplation, au réalisme, à la libération de l'esprit des jougs.

Voilà pourquoi, le premier verset révélé à Muhammad fut un éloge quasi adoratif de la plume. De même qu'on trouve dans le Coran à des appels fréquents et variés, en faveur de la science et de la connaissance. L'allusion répétée du Coran à la nature comme une source de connaissance, est d'ailleurs, tout à fait significative.

D'après les témoignages historiques, ce fut ce point de vue coranique qui déclencha l'essor majestueux du mouvements scientifiques au sein de la communauté musulmane, lesquels entraînèrent l'épanouissement de la civilisation universelle. A ce sujet le grand penseur islamique Iqbâl Lahouri a bien illustré le fait :

"La naissance de l'Islam est la naissance de l'intelligence inductive. Dans l'Islam, la prophétie atteint sa perfection (...) ceci implique la fine compréhension que la vie ne peut être tenue à jamais en lisière, qu'afin d'atteindre une pleine conscience de soi, l'homme doit finalement être livré à ses propres ressources(1)".

L'appel constant dans le Coran à la raison et à l'expérience, et l'importance qu'il attribue à la nature et à l'histoire en tant que source de connaissance humaine, constituent autant d'aspect divers de la même idée de finalité. Cette idée, cependant, ne signifie pas que l'expérience mystique

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1- Iqbâl, M. "La reconstruction de la pensée islamique", p. 146.

qui, qualitativement, ne diffère pas de l'expérience du prophète, a maintenant cessé d'exister comme fait vital. En réalité, le Coran considère à la fois "anfus" le soi, et "afaq", le monde comme source de l'expérience, mais l'expérience intime est seulement une des sources de la connaissance humaine. Selon le Coran, il existe deux autres sources de connaissance: la nature et l'histoire au sens large du terme. A vrai dire, toute tentative scientifique visant la valorisation de la sagesse et de la connaissance qui aboutirait enfin, à l'émancipation de l'esprit humain, du joug de servitudes ou de préjugés, est strictement recommandée par l'Islam. En un mot, ce qui cherche le Coran, c'est la mise en valeur, la libre initiative de la pensée. Alors que le Coran comporte en lui-même le noyau de connaissances, en i fonction de tout ce qui pourra servir comme une clé à l'enrichissement de connaissances; il révèle d'ailleurs, certains mystères qui entourent notre monde visible. Il ne faut pas perdre de vue que tout ce que le Coran apporte de science est revêtu de forme accessible aux plus communes capacités intellectuelles du temps, afin que chaque génération, en fonction des progrès scientifiques de l'époque, le comprenne. Mais les réalités scientifiques que nous apporte le saint Coran sont tellement profondes et éblouissantes qu’on ne peut pas les attribuer aux bagages de connaissances, du temps de la révolution du Coran, et on ne peut pas, non plus, les considérer comme un fait du hasard. Car on constate que parallèlement

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à la découverte scientifique et à l'élargissement du savoir humain, ces réalités s'avèrent et se montrent plus justes que jadis. A l'heure actuelle, l'homme bénéficie d'un riche patrimoine culturel et scientifique, issu de réflexions et de nombreux grands savants qui, de génération en génération, ont consacré leur vie à l'étude et à la recherche, s'efforçant ainsi de percer Les secrets de l'être, du monde.

Mais, de toute évidence, à l'époque de la révélation du Coran, renommé par son obscurantisme, la pensée humaine n'était pas en mesure de connaître le monceau de mystères entourant le cosmos et la nature. Appréhender ces secrets, pénétrer au fond de cette contrée à la fois étendue et inconnue fut impossible. Pourtant, en ce qui concerne la cosmogonie, le Coran essaie de l'illustrer explicitement où il le faut, quant aux réalités dont la compréhension fut difficile pour l'esprit obtus et rude d'autrefois, il se contente d'allusion sous la forme de métaphore, toujours en conformité avec les conditions du cycle cosmique et humain, afin que les conditions antérieures favorisent la saisie de ces réalités, quand la maturité intellectuelle et l'évolution du savoir humain atteignent un degré suffisant.

C'est ainsi que les chercheurs et les grands penseurs islamiques sont parvenus à découvrir, de jour en jour, à la lumière de richesse de l'enseignement coranique, les diverses frontières nouvelles.

Il est donc faux de croire qu'une telle richesse qui comble le Coran proviennent de pensée humaine. Le Dr. Vaglieri, professeur à l'université de Naples a dit : "En plus de sujets variés

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qu'aborde le Coran, il prédit les événements à venir, de même qu'il raconte avec une clarté impressionnante, l'histoire jadis méconnue du monde. On observe, d'ailleurs, les multitudes de versets coraniques traitant les lois de la nature et scrutant les diverses branches scientifiques. L'exactitude et l'absence d'erreurs dans les sujets abordés sont tels que les hommes de sciences, les philosophes, et les politiciens sont obligés de s'agenouiller devant le Coran(1)".

Il faut avoir présent à l'esprit que l'allusion du Coran aux faits scientifiques doit être considérée comme tout à fait accessoire. Le motif principal concerne d'autres objectifs nobles ayant rapport à la perfection de l'homme. Par conséquent, on ne peut le considérer comme un ouvrage technique et spécialisé dans le domaine de la science. Le Coran suggère certaines réalités relatives aux phénomènes qui touchent directement l'être, l'homme et ce qui l'entoure, sans en faire expressément une mention détaillée. Là, le but du Coran consiste à exposer les facteurs dont dépend la vie matérielle et spirituelle de l'homme pouvant contribuer au juste équilibre entre les aspirations humaines, lui garantissant une existence saine, fertile, et une perfection sublime.

"A"

En ce qui concerne la cosmogonie, l'hypothèse la plus célèbre est celle de Laplace. Selon cette hypothèse, le système solaire proviendrait d'une nébuleuse primitive entourant comme d'une atmosphère un noyau fortement condensé d'une température très élevée, et tournant d'une seule pièce autour d'un axe passant par son centre. Le refroidissement des couches extérieures, joint à la rotation de l'ensemble, aurait engendré dans le plan équatorial de la

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1- Vaglieri, "La voix de l'Islam en Italie", p.55.

nébuleuse des anneaux successifs qui auraient donné les planètes et leurs satellites, tandis que le noyau central aurait formé le soleil, par condensation en un de ses points, la matière de chacun de ces anneaux aurait donné naissance à une planète qui, par le même processus, aurait engendré, à son tour, des satellites. Bien, que certaines notions de cette hypothèse aient été contestées, à la suite d'autres découvertes et recherches, les savants sont d'accord pour dire que à l'origine de la genèse, la terre et les cieux composaient une masse unie à l'état gazeux, et se sont séparés à la suite d'un processus. Depuis des siècles, le saint Coran évoque cette idée:

« Il s'est établi ensuite vers la création du ciel qui était alors une fumée gazeuse »(1)

Et encore,

«Les mécréants n'ont ils pas vu que les cieux et la terre formaient une masse compacte? Nous les avons ensuite séparés, et nous avons créé, à partir de l'eau, toute chose vivante. Ne croient-ils pas? »(2)

George Gamow, le célèbre astrophysicien soulève ce point important(3): "Le soleil, cet astre producteur et émetteur d'énergie est constitué de gaz condensables.

C'est le soleil qui a émis les gaz dont le refroidissement a donné naissance aux planètes. Comment et par l'intervention de quelle main mystérieuse, cette masse torride et éruptive s'est-elle formation? Qui a fourni les matières nécessaires pour sa formation? Ces questions que l'on se pose, quant à la formation de la lune et d'autres planètes de notre système solaire, constituent la base fondamentale des hypothèses

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1- Le Coran, 41:11.
2- Le Coran,, 21:30.
3- G. Gamow, "L'Histoire de la Terre", p. 43.

cosmogoniques. Ce sont des énigmes qui ont préoccupé les savants et les astronomes.

Janse, le grand savant anglais, à son tour, a lancé l'hypothèse suivante (1): "Des milliards d'années auparavant, au cours du passage d'une "étoile" à proximité de notre soleil, une immense nébuleuse se répandit à l'intérieur de cette planète, à la suite de quoi une masse de matière se forma et se dégagea de notre soleil. Celle-ci prit ensuite la forme d'une longue cigarette, puis elle se divisa.

Et enfin, au cours d'un processus, les parties les plus grandes donnèrent naissance aux planètes gigantesques, et d'autres parties aux plus petites. Référons, une autre fois, à la notion coranique concernant la cosmogonie où il fait allusion à la "fumée gazeuse", et au processus de la séparation des cieux et de la terre, mentionné plus haut. La révélation de ces mystères, à l'époque d'obscurantisme, et l'affirmation scientifique de données coraniques à nos jours, ne signifient-ils pas que le Coran a pris sa source de l'Omniscience divine?

"B"

Un des problèmes scientifiques les plus délicats qui a "d'ailleurs" préoccupé les astrophysiciens pendant longtemps et qui ne fut pas mis en lumière avant le vingtième siècle, c'est l'expansion permanente de l'univers. Quant au Coran, il a déjà remarqué ce phénomène ahurissant et nous a fourni ainsi une autre preuve cohérente de sa profondeur grandiose:

"Et le ciel, nous l'avons construit renforcé. Et c'est encore nous l'élargisseur(2)"

Dans le verset précédent, comme on le voit, fait allusion à une réalité, c'est-à-dire l'expansion de l'univers et la fuite de galaxies,

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1- Janes, "L'Astronomie sans téléscope", p. 83.
2- Le Coran, 51 :47.

que se voit confirmer onze siècles plus tard!

A vrai dire, Edwin Hubble, dès 1924, observait que certaines régions de l'espace où la matière cosmique interstellaire est plus dense, et que l'on tenait généralement pour des nébuleuses gazeuses appartenant à la Voie lactée, étaient en réalité des galaxies entières, peuplées de milliards d'étoiles analogues à notre voie lactée et prodigieusement éloignées.

D'après le " grand livre de Sciences", l'image que l'on peut se former de la création de l'univers serait la suivante(1): à l'origine, toute la matière qui constitue aujourd'hui l'univers était condensée en un gigantesque amas primordial qui explosa violemment. A un certain stade de température et de densité, la matière diffuse se serait condensée en galaxie, et celle-ci serait toujours en train de fuir, selon les évaluations les plus récentes, fondées sur l'observation des amas globulaires contenant de très anciennes étoiles, les galaxies se seraient formées, il y a environ 13 milliards d'années.

Gamow, lui aussi tient le raisonnement suivant(2) : Si l'univers est en expansion permanente, lors qu'il a connu un état hyper-condensé, on devrait pouvoir imaginer de remonter le cours du temps pour inverser le phénomène et suivre celui-ci en pensée jusqu'à "l'instant zéro". Compte tenu de la vitesse de l'expansion de l'univers telle qu'on peut la concevoir aujourd'hui "l'atome primitif" a dû littéralement exploser. Gamow a nommé cette explosion extraordinaire le "big bang" ce qui veut dire "le gros boum"!

En bref, l'observation scientifique nous montre que les corps célestes se fuiraient l'un l'autre à l'infini, à une vitesse

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1- Le grand livre de la science. p. 112.
2- Le grand livre de la science. p. 112.

relative d'autant plus élevée que leur distance serait plus grande. L'univers serait donc en expansion, et ce phénomène se poursuivrait.

Le saint Coran attire l'attention de l'homme dont l'intelligence n'est pas rétrécie, à la règle et à la discipline grandiose qui gouverne la création de l'univers et sa recréation, afin que celui-ci embrasse la foi. Par cela, il veut rappeler à l'homme qu'il s'agit là d'un signe de l'Omnipuissance divine. On lit dans la sourate la famille d'Imran du Coran:

"Oui, dans la création des Cieux et de la terre, et dans l'alternance de la nuit et du jour, il y a vraiment des signes pour les doués d'intelligence, qui assis, debout, couchés, se souviennent de Dieu et méditent sur la création des cieux et de la terre: "Seigneur! Tu n'as pas créé cela en vain - pureté à Toi! Garde nous donc du châtiment du Feu(1)".

"C"

Le Coran a mis en lumière le mouvement des planètes sur leurs propres orbites, et mentionna sous la forme de paraboles, la gravitation universelle.

On sait que Isaac Newton, le célèbre savant, conquit son grand titre de gloire, en 1687, en formulant les lois de la gravitation universelle qui régissent l'univers. Ces lois allaient apporter une meilleure connaissance de la mécanique céleste jusqu'alors inconnue(2).

Il fut d'ailleurs le premier qui parvint à établir les lois mécaniques qui, en terme de forces, de masse, de vitesse de distances rendaient compréhensibles les mouvements des astres et leur équilibre respectif. Les conceptions newtonniennes semblèrent bien constituer un édifice inattaquable. Elles imposaient

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1- Le Coran, 3 :190-191.
2- Les grands scientifiques du monde, p.49.

de considérer l'univers comme un ensemble d'objets plus ou moins massifs (satellites, planètes, étoiles) équilibrés les uns par les autres, selon les lois de la gravitation, et dont on pouvait caractériser les mouvements par rapport à un espace euclidien et infini. Le Coran fait allusion à cette réalité mille ans avant Newton:

"Dieu, c'est lui qui a élevé bien haut les cieux, sans pilier que vous puissiez voir. Il s'est ensuite installé sur le trône. Et il a assujetti le soleil et la lune, chacun coulant vers un terme dénommé. Il administre le commandement, détaillant signes. peut-être croiriez-vous avec certitude en la rencontre de votre Seigneur?(1)".

Dans ce verset coranique, la notion d'attraction universelle se concrétise sous la forme d'expression métaphorique, à savoir "les piliers invisibles", et cela pour que la majorité des hommes, à toute époque, en saisissent la conception la plus proche. Le huitième Imam chi'ite a dit à un de ses disciples, en termes de réponse: "N'a t'il pas dit dans le Coran, le Dieu: "Sans que vous voyiez les piliers" il répond que oui. Imam ajoute: "Donc, il y a des piliers qui restent invisibles(2)".

"D"

Le Coran réfute catégoriquement la thèse matérialiste selon laquelle l'homme est, par son essence et sa nature, en définitive, l'objet d'évanescence et d'anéantissement. Au contraire, il valorise l'idée du mouvement évolutionnaire à tous les niveaux de l'existence:

"Ne regardent-ils (les mécréants) donc pas le ciel, au dessus d'eux. Comme nous l'avons bâti et l'avons embelli, et qu'il est sans fissures? Comme nous l'avons étalée! et

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1- Le Coran, 13 :2.
2- Tafçir-e-Borhan. T.2, p.278

nous y avons lancé des montagnes et y avons fait croître de tout couple joli"(1).

Quoi? Sommes nous donc épuisés par la première création? Assurément, c'est eux qui sont illusionnés par une nouvelle création. Et très certainement, nous avons crée l'homme et nous savons que son âme lui suggère. Nous sommes cependant plus près de lui que sa veine jugulaire"(2)

Les versets précédents méritent un commentaire. Il s'agit d'une illusion de l'immobilité du monde faite par les gens à l'esprit obtus, en négligeant la mobilité continuelle de tout, y compris, d'eux-mêmes, essentiellement et accidentellement au sens philosophique des termes.

Le mouvement de l'univers et celui de l'essence humaine vont de pair instant par instant, bien qu'ils ne soient guère perceptibles par le sujet. Ce mouvement se renouvelle perpétuellement jusqu'à l'éternité, ce qui signifie explicitement même, après la mort de l'homme.

L'allusion à "nouvelle création" doit être compris, d'après le exégètes du Coran comme le renouvellement de la création à chaque instant(3)".

Car il n'y a pas d'intervalle temporel entre l'anéantissement et la remanifestation, en sorte qu'on ne perçoit pas d'interruption entre deux créations analogues et successives et l'existence paraît dès lors homogène, dit un des commentateurs du Coran".

Sous la forme d'une parabole, on peut comparer l'existence à la flamme d'une bougie, d'une lampe qui, tout en paraissant identique, ne cesse de se renouveler à chaque instant, en sorte que cette flamme n'est en réalité pas la même. La mise en lumière d'une telle réalité scientifique, sans se contenter, d'ailleurs, seulement d'un aspect purement philosophique, par

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1- Le Coran, 50 :6-7.
2- Le Coran, 50 :15-16.
3- T. Burckhardt, Introduction aux doctrine ésotérique de l'Islam.

une personne Ummi (illettré), dans un, milieu géographique ignorant, vide de savoir est assez significative. Par-là, il essaie d'aborder la question de la subsistance et de l'immortalité de l'âme, pour rappeler à l'homme sa responsabilité et l'existence de la résurrection.

"E"

Il y a quatre siècles, Galilée prenait partie en faveur de la réalité du mouvement de la terre, détruisant ainsi définitivement la conception traditionnelle selon laquelle la terre était à la fois le centre l'univers et immobile. Il lui substitua le schéma d'un univers unitaire, mobile soumis à la discipline rigoureuse de la physique et des mathématiques. La destruction galiléenne du moule traditionnel représente dans l'histoire du savoir un événement sans précédent et peut-être sans second.

L'apparition de l'intelligibilité mécaniste ne modifie pas seulement telle ou telle mode de voir, il impose une nouvelle pensée de la pensée. Ce qui change, ce n'est pas le système du monde, mais le monde comme système, et la place de l'homme dans le monde et le rapport de l'homme avec le monde, avec lui-même et avec Dieu. Son initiative provoqua une vague de colère. de violence conte lui, il a dû payer le prix: il fut condamné par le saint office en 1633. Il est curieux de savoir qu'en plein dix-huitième siècle, on enseignait encore à la Sorbonne que le mouvement de la terre autour du soleil n'était qu'une hypothèse!

Mais le Coran, dix siècles avant Galilée, souligna cette réalité, ainsi que d'autres questions compliquées concernant ses mystères. Là, il ne s'agissait pas seulement du mouvement

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de la terre dans l'espace, non plus encore de son mouvement rotatoire, mais aussi d'une sorte de mouvement à l'intérieur d'elle-même, à savoir celui des montagnes, de leur émergence et de leur avancée.

"N'avons nous pas désigné la terre comme berceau, et les montagnes pour piquets de tente?(1)".

"Il a crée les cieux sans piliers que vous puissiez voir, et il a crée les montagnes dans la terre, sans quoi elle bougerait, et vous avec. Il a propagé des animaux de toutes espèces. Et du ciel, nous avons fait descendre l'eau, puis nous y avons fait pousser de nobles couples de toutes espèces(2)"

"Et tu verras les montagnes, tu les compteras pour figées, pour immobiles, alors qu'elles marcheront de la démarche du nuage. C'est une oeuvre de Dieu, lequel perfectionne toute chose. Il est parfaitement informé d ce que vous faites(3)".

Il faut dire que l'allusion du Coran au mouvement de la terre remonte à l'époque où la thèse ptoléméenne, considérant la terre plate immobile et au centre de l'univers, fut attestée et dominante, pendant quinze siècles, dans le milieu scientifique d'alors. Ce ne fut que ce livre divin, mille ans avant Galilée, qui réfuta cette façon de pensée trop idéaliste. Là, il ne s'agit pas seulement du mouvement de la terre dans l'espace, autour d'elle-même, mais aussi d'une sorte de mouvement particulier à l'intérieur de la terre et par rapport à ses éléments constitutifs, à savoir le mouvement des montagnes. En renvoyant au dernier verset, le Coran révèle que les montagnes ne sont

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1- Le Coran, 78 : 6-7.
2- Le Coran,, 31 :10.
3- Le Coran, 27 :88.

pas aussi solides que nous le croyons, en effet, elles sont constamment en mouvement.

Le Coran spécifie aussi la question concernant la sphéricité de la Terre. Dans la Sourate LXX - verset 40, nous lisons:

"J'en jure par le Seigneur des Orients et des Occidents(1)".

De toute évidence, la pluralité d'Orients et d'Occidents et la multiplicité de points de lever et de coucher du soleil implique la sphéricité de la terre, car un point déterminé se situant sur la terre sera pour certains l'Est et pour d'autres l'Ouest.

"F"

Le Coran énonce l'origine des constituants du lait, et d'une façon explicite la modalité de sa formation qui s'accordent parfaitement avec les données expérimentales et la science moderne. A ce propos, la parole divine, se concrétise ainsi dans le Coran:

"Vous trouverez un enseignement dans vos troupeaux. Nous vous abreuvons de ce qui, dans leurs entrailles, tient le milieu entre le chyme et le sang: un lait pur, délicieux à boire(2)"

Le Dr. Buccaille a écrit (3). "Du point de vue scientifique, il faut faire appel à des notions de physiologie pour saisir le sens de verset. Les substances essentielles qui assurent la nutrition de l'organisme, en général, proviennent de transformations chimiques, qui s'opèrent tout au long du tube digestif, proviennent d'éléments présents dans le contenu de l'intestin. Lorsque dans l'intestin, elles arrivent au stade voulu de transformation chimique, elles passent à travers la paroi de celui-ci vers la circulation générale. Ce passage se fait de deux façons: ou bien directement par ce qu'on appelle Les vaisseaux Lymphatiques

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1- Le Coran, 70 :40.
2- Le Coran, 16 :66.
3- M. Bucaille, "La Bible, Le Coran. La Science", p. 268.

ou bien indirectement par la circulation, porte qui les conduit d'abord dans le foie où elles subissent des modifications, elles en émergent pour rejoindre enfin la circulation générale. De cette manière, tout transite finalement par la circulation sanguine.

Les constituants du lait sont secrétés par les glandes mammaires. Celles-ci se nourrissent, si l'on peut dire, des produits de la digestion des aliments qui leur sont apportés par le sang circulant, le sang joue donc un rôle de collecteur et de transporteur de matériaux extraits des aliments pour apporter la nutrition aux glandes mammaires productrices de lait, comme n'importe quel autre organe.

Ici, tout procède au départ d'une mise en présence du contenu intestinal du sang au niveau même de la paroi intestinale. Cette notion précise révèle des acquisitions de la chimie et de la physiologie de la gestion. Elle était rigoureusement inconnue du temps du Prophète Muhammad: sa connaissance remonte à la période moderne. Quant à la découverte de la circulation du sang, elle est l’œuvre de Harvey et se situe dix siècles environ après la révélation coranique.

Je pense que l'existence dans le Coran du verset qui fait allusion à ces notions ne peut avoir d'explication humaine, en raison de l'époque où elles ont été formulées".

"G"

Il n'y a pas longtemps que les chercheurs ont réussi à découvrir le problème concernant la fécondation végétale: (insémination des végétaux). Ce fut à partir de cette découverte que l'on a pris conscience de ce que la multiplication de tout être vivant provient de l'insémination de cellules

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mâles et femelles.

Avant l'invention du microscope qui favorisa sensiblement l'accès au monde micro-organique, l'homme n'eut aucune connaissance réelle des processus et des interactions des cellules mâles et femelles.

Ultérieurement, les diverses expérimentations et les recherches, dans ce domaine, mirent en lumière que la reproduction n'est possible que par le processus de la fécondation, à l'exception de certains végétaux dont la multiplication se fait par le processus de divisions cellulaires. Le premier savant qui mit en lumière ce fait scientifique fut un suédois nommé Carl von Linné. D'après lui, la reproduction végétale est généralement basée sur la fécondation à partir des micro-organismes reproductifs dont "l'assemblage" s'assure par les insectes et d'autres phénomènes naturels, y compris le vent.

Le Coran révèle, sans aucune ambiguïté, les notions fondamentales concernant l'allogamie, et l'existence de cellules productrices mâles et femelles à l'époque où la botanique fut un domaine inexploré et inconnu.

"Ne-voient-ils pas la terre, combien de chaque noble couple nous y avons fait pousser?"(1).

"...Il a fait descendre du ciel de l'eau. Puis par elle, nous avons fait sortir par couple différentes plantes"(2)

"Gloire à celui qui a créé, parmi ce que la terre fait pousser, ainsi que parmi eux-mêmes, et aussi parmi ce qu'ils ne savent pas, des couples de toutes sortes"(3).

"En vérité, Il a crée le couple mâle et femelle"(4).

Après avoir exprimé la notion de couple, désigné au premier stade, l'espèce opposée et complémentaire de l'homme, d'animaux et de végétaux, il étend ensuite le champ d'application et de validité de cette notion, pour en généraliser à tous

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1- Le Coran, 26:7.
2- Le Coran, 20:53.
3- Le Coran, 36:36.
4- Le Coran, 53:45.

les êtres, voire à tous les éléments qui le constituent.

"Et de chaque chose, nous avons crée un couple(1)"

Il n'y a pas longtemps et grâce aux progrès prodigieux réalisés pendant notre âge que la science a apporté sa contribution pour éclairer cette notion. Nous sommes alors en mesure de dire que La dernière analyse de matière quelconque, d'une extrême petitesse, c'est-à-dire le fragment de matière la plus petite qui puisse exister, nous donnera l'atome. Ce dernier, à son tour, est un couple, il est formé d'un noyau et d'électrons, et encore, il contient des particules, des charges négatives et des charges positives!

Prodigieux est également le choix du mot couple qui recouvre la même conception à toute époque. Car le champ d'application du terme est aussi juste pour les phénomènes primitifs que pour le dire d'un physicien de notre époque tel que Marx Blanc qui a écrit: " chaque élément matériel est composé d'électrons et de protons(2)".

"H"

Le Coran met au point le rôle prépondérant d'un phénomène naturel à savoir le vent en tant que facteur de fécondation du nuage:

"Et nous envoyons les vents comme des fécondateurs, puis nous faisons descendre du ciel de la pluie"(3).

Là, on est en présence d'une révélation merveilleuse, à une époque obscure dont la justesse vient d'être prouvée à notre temps et cela à la lumière des études scientifiques des phénomènes atmosphériques: la météorologie. Selon les météorologistes l'existence de deux conditions, c'est-à-dire la vapeur et sa saturation, d'ailleurs essentielle, n'est pas suffisant pour la formation des nuages fertiles

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1- Le Coran, 51:49.
2- "Revue" Danechmand" An. 9/N.4
3- Le Coran, 15:22.

et par conséquent, susceptible de déclencher la pluie. Il faut un troisième facteur, à savoir: le processus de la fécondation.

C'est ainsi que pour déclencher la pluie artificielle, les expériences menées, il y a quelques années, ont constitué à introduire dans les nuages, soit des noyaux de condensations hygroscopiques (sel marin ou chlorure de calcium anidrose) ou de l'eau pulvérisée, lorsque la température est positive, soit des noyaux de congélation (neige carbonique, iodure d'argent) lorsque la température est négative. Dans le premier cas, on favorise à la fois, la condensation et la coalescence des gouttelettes, dans le second, on fait cesser la surfusion et l'on provoque la croissance de cristaux de glace qui se transforment par fusion en gouttes d'eau.

Le vent, à lui-même seul, entraîne le processus déjà cité! .

* * * * *

En terme de conclusion à ce qui précède dans ce chapitre, nous jugeons utile de donner la parole au Dr M. Bucaille(1), l'éminent chercheur français, en citant deux passages tirés de son ouvrage: "la Bible, le-Coran, la science": "Alors que l'on trouve dans la Bible, de monumentales erreurs scientifiques, ici je n'en découvrirais aucune. Ce qui m'obligeait à m'interroger: si un homme était l'auteur du Coran, comment aurait-il pu au septième siècle de l'ère chrétienne, écrire ce qui s'avère aujourd'hui conforme aux connaissances scientifiques modernes. Quelle explication humaine donner à cette constatation? A mon avis, il n'en est aucune, car il n'y a pas de raison particulière de penser qu'un habitant de la péninsule arabique pût, au temps

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1- M. BucaiIle, "La Bible, Le Coran, La Science" p. 173, 174.

où, en France, régnait le Roi Dagobert, posséder une culture scientifique qui aurait dû, pour certains sujets, être en avance d'une dizaine de Siècles sur la nôtre".

Ces aspects scientifiques très particuliers du Coran m'ont initialement profondément étonné, car je n'avais jamais cru possible jusqu'alors qu'on puisse découvrir dans un texte rédigé, il y a plus de treize siècles, tant d'affirmations relatives à des sujets extrêmement variés, absolument conformes aux connaissances scientifiques modernes. Je n'avais au départ aucune foi en Islam. J'abordais cet examen des textes avec un esprit libre de tout préjugé, avec une objectivité entière.

Si une influence avait pu s'exercer sur moi, c'est celle des enseignements reçus dans ma jeunesse, où on ne parlait pas de musulmans, mais de mahométans, pour bien marquer qu'il s'agissait d'une religion fondée par un homme et qui ne pouvait, par conséquent, avoir aucune espèce de valeur vis-à-vis de Dieu. Comme beaucoup en Occident, j'aurais pu conserver sur l'Islam les mêmes idées fausses tellement répandues de nos jours que je suis toujours étonné de rencontrer en dehors des spécialistes chez des interlocuteurs éclairés sur ce point, j'avoue donc qu'avant que m'eût été donnée une image de l'Islam différente de celle reçue en Occident, j'étais moi même ignorant.

Prédiction de la Défaite d'une Grande Puissance

A l'origine, lorsque les musulmans étaient faibles, il y avait deux grandes puissances qui se partageaient l'Est et l'Ouest d'autrefois: la Perse et Byzance. Il s'est déclenché une guerre sanglante entre ces deux empires près des frontières de la péninsule arabe qui s'est achevée par la

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victoire de l'armée persane et la défaite des armées romaines.

La nouvelle de la défaite des Byzantins croyants, vaincus par les Persans provoqua le contentement et l'allégresse chez les fétichistes mecquois et plongea les musulmans dans un océan de chagrin et de tristesse. Car de plus Jérusalem tomba aux mains des Perses. Pour les idolâtres, cet événement fut de bon augure et ils le considérèrent comme le signe d'une victoire sur les musulmans dans le futur.

Cette conclusion fut pénible et angoissante pour les musulmans, sema le trouble entre eux et leur fit redouter l'avenir. A ce moment la révélation vint présager d'une victoire des Byzantins croyants sur les Perses et divulgua un secret important selon lequel les Byzantins battus allaient contrebalancer leur défaite dans moins de dix ans en entrant dans un autre conflit armé qui se terminerait à leur avantage. Le saint Coran y fait allusion ainsi:

''Les byzantins ont été vaincus. Dans une contrée la plus proche; mais après leur défaite ils vaincront. Dans moins de dix ans - à Dieu le commandement, avant comme après. Et ce jour-là les croyants se réjouiront. Du secours de Dieu; Il secourt qui Il veut, tandis qu'Il est, le Puissant, le Miséricordieux. C'est la promesse de Dieu. Dieu ne manque pas à sa promesse, mais la plupart des gens ne savent pas"(1).

Cette prédiction coranique s'est passée en l'an 625 (l'équivalent de la deuxième année de l'Hégire), et il ne s'était pas écoulé dix ans qu'une guerre acharnée éclatait entre les deux armées, à

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1- Le Coran, 30 :2-6.

la suite de laquelle les Romains occupèrent des territoires persans.

Comment peut-on justifier cette prédiction de la victoire d'une nation battue sur un peuple victorieux, avec toute sûreté et certitude alors que rien ne permettait de prédire un tel événement?

Tandis que la confrontation réaliste des faits sociaux et la course des phénomènes contredisent toutes formes de prédiction précise. Et alors comment le prophète de l'Islam a-t-il acquis ce rapport de victoire certaine qui se vérifie dans l'avenir? Est-il possible, en étant juste et en se montrant intelligent, de considérer cette prédiction comme le synonyme d'étude conjoncturelle, prévision que font les politiciens et politologues. Existent-il des critères suffisamment faibles qui nous amènent à tenir compte qu'une nation battue dans une guerre érosive, étouffée et ayant perdu confiance en elle-même se relève dans une courte période pour réaliser un triomphe décisif sur une nation qui était victorieuse? Il faut tenir compte de ce que les victoires militaires dépendent de nombreux facteurs et de diverses conditions, et que la moindre erreur dans l'estimation et la bonne évaluation peut provoquer un changement radical. Ceci ne prouve jamais dans le déroulement des faits, qu'elle est capable de prédire de façon très sûre au sujet d'un tel événement qui se produira dans le future proche?

Est-il réaliste d'envisager cette sorte d'affaires par une méthode d'analyse matérialiste? Et encore les partisans de cette vision peuvent-ils prétendre être réalistes?

D'autres Prédictions

Le Coran a prophétisé également d'autres évènements, et il nous semble nécessaire d'en citer quelques exemples:

On y trouve par exemple

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la prédiction de la con quête de la Mecque et de la victoire des musulmans sur les idolâtres. Sur ce sujet, on peut citer ce verset coranique:

"Dieu, très certainement, réalisera par la vérité de son messager:Vous entrerez dans la sainte mosquée, si Dieu le veut, en sécurité, ayant rasé vos têtes et coupé vos cheveux, n'ayant point de crainte, Il sait, donc, ce que vous ne savez pas, puis Il a prévu, au préalable, une victoire prochaine' (1)

Ce verset annonce d'une part, l'entrée des musulmans dans la sainte mosquée et l'accomplissement du pèlerinage. Sans aucune crainte, ni trouble, et d'autre part la soumission des païens, l'émiettement de leur force, et l'information selon laquelle les musulmans porteraient une autre victoire dans le futur proche.

Alors que l'entrée des musulmans à la Mecque et l'accomplissement du pèlerinage en toute tranquillité d'esprit et en sûreté de conscience n'étaient pas imaginables, dans une circonstance si pénible. Etant données la conjoncture, les dispositions des musulmans, aucun politicien, aucun expert militaire ne se permettait même pas de pronostiquer un exploit pareil. Car le temps ne fut point opportun aux musulmans, en raison de plusieurs facteurs: tout d'abord la haine et l'hostilité passionnée, virulents que les Mecquois portaient contre les musulmans avaient atteint leur paroxysme; en plus, les adeptes du prophète souffraient de l'infériorité numérique, du manque de ravitaillement et de munitions.

Dans une situation pareille, ce ne furent ni la force, ni les armes qui apportèrent le triomphe, mais cette victoire a été réalisée effectivement, grâce aux secours

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1- Le Coran, 48 :27.

de Dieu. Car les musulmans sont parvenus à conquérir la Mecque, presque sans rencontrer de résistance. D'après les récits coraniques, toutes les victoires miraculeuses de ce genre ne se réalisèrent qu'en fonction de la volonté divine. Sans dénigrer la compétence, et l'esprit créateur des personnages qui ont écrit l'histoire, ils ne leur accordent pas la primauté. Au long de l'histoire, le rôle des prophètes consistait à briser le système vétuste qui dominait l'institution de la communauté humaine, et à la transmuter, afin d'y instaurer les institutions prééminentes favorisant à l'homme sa mutation morale, un élan vers la perfection globale.

Cette intervention se produisait, en général, dans une tranche historique, critique où la décadence morale et l'obscurantisme faisaient obstacle à l'épanouissement de la capacité morale et intellectuelle des hommes et à leur acheminement dans la voie divine.

A la lueur d'une étude minutieuse de l'histoire, nous pourrons constater que tous les prophètes apparaissent dans les étapes historiques, décisives et assument leur rôle essentiel en introduisant à la communauté humaine une nouvelle vision du monde, un ensemble de notions par lesquelles la communauté humaine pourrait s'évaluer. Du fait que toute transformation positive d'une société est fonction du changement de l'état spirituel de ses membres, c'est l'homme lui-même, en tant qu'un élément opérant de la société, qui doit prendre une position nette vis-à-vis de l'idéologie en question, et en concrétiser les programmes proposés. Cette prise de position accompagnée toujours d'une sorte d'éveil de conscience le dirigera, bon gré, mal gré, vers la bonne voie. Ainsi

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pourrait-il consacrer son effort à atteindre son noble but. Une fois parvenu à ce stade, il se manifestera, à juste titre, en tant que représentant de Dieu sur la terre. L'histoire témoigne de l'existence de gens qui ont vécu cette expérience, qui ont franchi les étapes évolutives spirituelles, sous les directives divines des prophètes, en se débarrassant de toute occupation pour s'attacher à ce qui est sublime.

Revenons au sujet qui nous intéresse ici. Le Coran prédit la réalisation d'un autre événement historique de haute importance: la chute des châteaux forts de Khaibar et la victoire grandiose remportée par les combattants de l'Islam. Khaibar une colonie des Juifs, se trouvant dans une oasis fertile, possédait une armée puissante, infernale, composée de 20.000 guerriers avec un armement perfectionné pour l'époque. On la considérait alors comme imprenable. La population arabe de cette ville avait disparu, à la suite de ruses et de machinations insidieuses juives. Les habitants ne sont alors que des juifs fort installés dans les huit citadelles bien équipées. Ceux-ci ne cessent point leurs conspirations contre le prophète, alors qu'il a, à de nombreuses reprises, essayé de gagner leur sympathie. Les réponses des juifs aux invités du Prophète de l'Islam sont de plus en plus hostiles. Ils répètent inlassablement que Muhammad n'est pas prophète, puisqu'il est arabe. Seuls les juifs peuvent être prophètes! Dieu ne parle qu'au peuple élu: le peuple juif Les autres peuples de la terre ne peuvent prendre connaissance des commandements de Dieu que par l'intermédiaire des Juifs!".

Les

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combattants de l'Islam sous le commandement d'Ali assiégèrent la ville, et à la grande surprise du monde, au dixième jour de la bataille, Khai'bar est conquise: la promesse divine s'est réalisée. A Khai'bar, la plupart des habitants restent sur place, attachés à leur culture. Muhammad y introduit quelques réformes clémentes. Peut-on encore supposer que cette prédiction provienne de la sagesse acquise d'un individu, à avoir celle de Muhammad, alors que les données objectives et l'ensemble des circonstances dans lesquelles des Musulmans se trouvèrent, contredisaient la réalisation d'une telle victoire? Donner des nouvelles sur le futur d'une façon précise, et cela dans une situation tellement confuse et ambiguë, ne provient pas de la connaissance humaine, mais fait parti du monde "invisible".

Au début de la prophétie de Muhammad, pendant son séjour à La Mecque, les Musulmans, peu nombreux, vécurent une période d'extrême oppression, de persécution et de tension. Nombreux furent ceux qui pensèrent que sa prophétie serait vouée à l'échec. Même ses proches parents n'hésitèrent guère à manifester leur animosité. Parmi eux, il y avait Abou Lahab, l'ennemi le plus acharné de l'Islam dont l'hostilité et l'opposition contre le prophète furent sans bornes.

Mais dans l'immense majorité des cas. malgré leur ténacité opiniâtre, une fois déchirés les voiles de l'ignorance obscurantiste, lorsque le visage de la vérité s'est manifesté, ils ont rejoint les rangs des musulmans, à l'exception d'Abou-Lahab qui continua à s'obstiner jusqu'à son agonie. Cet oligarque riche eut un destin misérable: bientôt il mourut d'un accès de fièvre bubonique, comme l'avait

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prédit le Coran:

"Que les deux mains d'Abou-Lahab périssent et que lui-même périsse. Ses richesses et tout ce qu'il a acquis ne lui serviront à rien. Il descendra dans le brasier de l'enfer. Son épouse le suivra, porteuse du bois! A son cou sera attachée une corde de palmier"(1).

En analysant minutieusement la vie d'Abou Lahab, les chroniqueurs se mettent d'accord sur le fait qu'il s'est fermé les yeux sur le monde sans embrasser la foi, et qu'il avait poursuivi son opposition farouche contre le Prophète et les musulmans. Il en fut ainsi pour sa femme.

Les versets traitant de tels événements, même par fois personnels, démontrent clairement que le Livre sacré provient de Dieu et qu'il est fermement et directement attaché au monde invisible.

Il existe également d'autres versets qui prévoient le futur, entre autre, l'immunité du Prophète contre tous les complots et les tentatives meurtrières des païens, au cours de sa prophétie, Les versets en question furent révélés au cours de sa troisième année de sa mission divine. Pour mieux comprendre la situation, il faut rappeler les coutumes sociales de l'époque en Arabie: un individu sans clan, devient un être sans protection. Les lois tribales l'ignorent: Il est hors la-loi, il n'existe plus!

C'est un homme sans identité: n'importe qui donc peut le tuer. Et Muhammad fut exclu de son clan! Mais ;il a survécu - exceptionnellement! - malgré toutes sortes de tentatives destinées à l'exterminer.

Déçus par leurs nombreuses conspirations et tentatives criminelles fructueuses contre Muhammad, les ennemis du Prophète se flattaient en

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1- Le Coran, Sourate 111.

vain, de le voir sans postérité, puisque tous ses enfants moururent en bas âge, et qu'il ne lui resta qu'une fille. Ainsi en espéraient ils le déclin de la cause islamique. Là, encore une prédiction coranique a ruiné toutes leurs espérances:

"Oui, nous t'avons accordé l'abondance. Prie donc ton seigneur et sacrifie voilà celui qui n'aura jamais de postérité"(1).

A la suite des répressions acharnées et des persécutions insupportables, le prophète et ses fidèles durent quitter La Mecque et se réfugier à Médine. Muhammad, comme ses adeptes mecquois, avait toujours une grande nostalgie de la Mecque. Voilà les versets coraniques qui annoncent la libération de la Mecque par des combattants musulmans, le retour des expatriés, ainsi que la conversion massive des populations païennes à l'Islam:

« Oui, celui qui t'a inspiré le Coran, te ramènera certainement là »(2).

« Lorsque vient le secours de Dieu et la victoire. Lorsque tu vois les hommes entrer en masse dans la religion de Dieu, célèbre les louanges de ton Seigneur et implore lui pardon. Il demeure, en vérité, grand accueillant au repentir »(3).

Ce rêve d'or, considéré par la plupart des gens de l'époque comme chimérique se réalisa. La Mecque, bastion de l'idolâtrie, est libérée et la population stupéfaite de la clémence, de la magnanimité du Prophète et de sa noblesse d'esprit, embrasse, en groupe, la religion de Dieu: l'Islam.

Le Coran et son Homogénéité Formelle et Substantielle

L'homme chercheur en tant que tel, est toujours susceptible de changer d'idées et se réorienter perpétuellement à force de découvrir la contrée inconnue et de saisir

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1- Le Coran, Sourate 108.
2- Le Coran, 48 :27.
3- Le Coran, Sourate 110.

les données scientifiques. C'est pour cela qu'en s'appuyant sur son bagage intellectuel, il prend des positions concernant un problème précis, et au cours du temps, suivant ses recherches et l'ampleur de l'approfondissement de sa connaissance, il se métamorphose, ce qui pourrait aboutir à un revirement. Ainsi dévaloriserait-il sa vision du monde pour en substituer un autre mode de pensée tout nouveau. C'est de là que va naître le phénomène de diversité d'opinion, de contradictions d'idées parfois même irréconciliables. De même que la mise à jour d’œuvres et la rectification de vues, étaient méthodiquement toujours parmi les intérêts soutenus de grands savants, de législateurs, et d'auteurs soucieux de la perfection.

Par ailleurs, l'homme est toujours conditionné par les circonstances comme il est par les courants d'événements. Quoiqu'il se caractérise par une volonté ferme, par un esprit bien équilibré et par un tempérament noble, il ne s'échappe jamais, bon gré, mal gré, des aléas de la vie individuelle, de même qu'il subit l'influence dominante de la société dans laquelle il vit. En bref, il se perdrait dans la tourmente, il en perd sa personnalité et son esprit d'initiative. Ainsi d'une manière générale, l'individu ne se comporte pas de la même façon, au moment de sa faiblesse où il manque de force morale, de capacité intellectuelle et de vigueur physique, et au temps où il jouit d'une puissance plus ou moins dominatrice. Les diverses manifestations de ces changements profonds sont nettement visibles chez l'individu, soit sur le plan du comportement, soit sur le plan

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doctrinal. De plus, les auteurs de mauvaise foi, et égarés les plus rusés et les plus futés, sont en proie à se contredire, ne pouvant esquiver ce piège même inconsciemment, surtout s'ils accomplissent des tâches sociales au sein d'une communauté quelconque, pendant de longues années.

Compte tenu des remarques précédentes, nous allons nous référer au saint Coran et au Prophète de l'Islam.

Nous avons déjà signalé que le saint Coran aborde les divers sujets délicats et profonds; ceux-ci mettent en lumière les préceptes, le système social, la loi canonique, les critères moraux et le credo qui sont comme un "tout", toujours parfaitement en harmonie les uns avec les autres, sans jamais receler la moindre contradiction, alors que la révélation des versets coraniques s'étend sur une période de vingt trois ans. Sous cet angle, on peut scruter chacun de ses éléments constitutifs, c'est-à-dire tout verset coranique séparément ou bien l'ensemble de versets globalement, et comme un "tout", pour en constater l'harmonie merveilleuse, la structuration miraculeuse résidant dans le Coran, sur le plan de la forme verbale et de l'idée, et sur celui du style. Le Coran, lui-même, pour apporter la preuve de sa véracité divine, évoque cette particularité éloquente et fait allusion à la révélation graduelle de versets coraniques, et cela sans qu'il contienne aucune contradictions.

Ce verset attire l'attention sur le fait que les gens égarés, hypocrites, sont naturellement condamnés à se contredire. Ce qui veut dire explicitement: l'inexistence de la moindre trace discordante et l'absence de contradiction dans le style et le

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contenu du Coran sont dus à sa véracité. C'est pour cette raison que le saint Coran incite constamment l'homme à contempler ce livre divin, en faisant appel à la conscience et à la nature primordiale de l'homme, pour que celui-ci puisse choisir entre Faux et Vrai et par conséquent dévoiler le visage de la réalité, et cela sans avoir recours à son arrière-pensée.

Quand on feuillette l'histoire de la vie du Prophète de l'Islam, on s'aperçoit, en effet, qu'il menait une existence pleine d'aventures, heureuse et malheureuse. Il vint des jours où il représente une minorité opprimée, déshéritée, et puis le temps où furent énorme sa richesse et considérables ses dispositifs matériels. Il connut les années de sanction sociale, de pression politique, de solitude et de misère; et les moments glorieux et grandioses en tant que le leader d'un Ummat victorieux et puissant. Il vécut les jours où il fut confronté à la crise redoutable issue de guerres imposées et à leurs conséquences, ainsi que les années de paix et de calme.

Etant donné que la conjoncture de la vie conditionnera manifestement la pensée de l'individu et reflétera ses suites sur son comportement et, à priori, sur ses interrelations envers les autres et son environnement, de telle manière que l'individu se voit contraint à prendre des positions variées pour mieux s'adapter à la situation dans laquelle il vit, la prise de position de l'individu, en fonction de diverses circonstances, ne serait guère semblable.

Par ailleurs, c'est à travers ces prises de position que

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l'individualité de l'homme se concrétise graduellement, lui permettant de choisir parallèlement en tant que un "individu propre", les moyens à employer et les divers objectifs à atteindre qui ne seront toujours pas non plus identiques.

Si le saint Coran qui fut révélé au cours de vingt trois ans-dans des conjonctures bien différentes, dans les contextes temporels et spatial fort variés-avait pris sa Source de l'esprit de Muhammad, en tant que tel, et qu'il reflétait sa pensée, le Coran n'aurait pu être exclu, échappé de cette loi exceptionnelle, par conséquent, il devrait manquer son unité formelle et de contenu(1) .

Il perdrait alors, de toute évidence, son homogénéité, même sa cohérence structurale; des discordes idéologiques s'émergeraient et en présenteraient les disparités au tout niveau.

Contrairement aux oeuvres humaines qui se bornent à traiter thématiquement les sujets bien précis tels que l'histoire, la philosophie, le droit, la science - au sens large du terme, - le Coran donne une synthèse globale de tout, comprenant les thèmes variés comme les lois canoniques, la jurisprudence, l'histoire, la philosophie, l'éthique les systèmes sociaux et dizaine d'autres sujets. Vu la diversité des sujets abordés, et bien qu'il les désigne par une analyse minutieuse et méthodique, l'ensemble reste à toujours cohérent. On constate ainsi qu'il n'y a aucune hétérogénéité entre la première sourate révélé à Muhammad, c'est-à-dire (Iqra) et la dernière (victoire).

L'harmonie, l'éloquence et l'attirance restent visibles en tant qu'une démonstration tranchante pour démontrer sa source divine.

En bref, sans l'ombre d'aucun doute, le Coran constitue un "tout" et bien structuré,

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1- LE Coran, 4 :82.

cohérent. Aucun de ces éléments ne se pourrait être détaché de l'autre; chaque élément se réfère à un principe dont l'approfondissement projette les rayons lumineux sur l'autre, afin que ceux-ci soient mieux sondables et saisis.

Or, il ne nous reste plus d'autre alternative qu'attribuer au Coran une cause miraculeuse, divine. A vrai dire, la cohésion existante entre les fondements idéologiques, philosophiques, rituelles et l'étendue de la portée culturelle du Coran est supra humaine.

Tous les chercheurs objectifs qui ont impartialement scruté le saint Coran, n'y ont trouvé aucune trace de divergences et de contradictions à travers ses enseignements philosophiques, pédagogiques et éthiques.

Or, ces particularités sans exemplaire, exceptionnelles du saint Coran, et sa suprématie probante démontrent que celui-ci est très loin d'être né de pensée humaine, car cet ensemble sans rivales prend sa source ultime de l'Essence sublime et divine, laquelle n'est jamais sujette à aucune fluctuation et à aucune contradiction.

L'infinité Conceptuelle du Coran

Le Coran, la source d'évolution de l'histoire humaine la plus prodigieuse et la plus majestueuse, jouissant de son authenticité éternelle, brille encore au sommet des siècles; d'où se révèle la vivacité de ses preuves et la fermeté de sa raison enthymème. Il a déjà démontré la richesse de son contenu et sa perspicacité législatrice pour venir à bout de l'indigence de l'être humain et pour satisfaire tous ses besoins principaux et ses désirs naturels.

L'Islam esquisse son programme intégralement sur la base de la nature primordiale humaine. Il analyse objectivement l'homme tel qu'il est pour qu'il assume son rôle prépondérant dans tous

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les aspects de la vie. Ceci est considéré comme une cause parmi celles qui assurent l'éternalisation de l'Islam.

En considération du processus de l'évolution scientifique dans le monde à la suite duquel se sont opérées les transmutations radicales sur cette voie non-rétrograde, on pourrait alors appréhender les traits caractéristiques du credo islamique et ce qui différencie ceux-ci d'autres phénomènes intellectuels mondiaux.

Si les principes et les règlements de l'Islam étaient au même niveau que ceux d'autres doctrines, ils auraient perdu leur valeur avec le progrès scientifique. Mais on constate précisément que c'est le contraire qui s'est produit pour le Coran. En effet, l'Islam a acquis aujourd'hui une position forte et un poids considérable dans les milieux scientifiques et juridiques. Il élargit continuellement et profondément sa portée.

En comparaison avec tous les livres et les oeuvres qui introduisent en général les idées restreintes dans un cadre d'expression limitée, l'autre spécificité du Coran se manifeste: c'est l'infinité des idées traduites par les signifiants restreints. Celle-ci provient du fait que le Coran a pris son origine dans l'Omniscience divine.

Métaphoriquement il peut être assimilé comme l'archétype du microcosme; plus le temps et la science s'avancent, plus ses trésors cachés se dévoilent. C'est ainsi que les nouvelles conceptions et les idées profondes coraniques apparaissent continuellement.

Bien que Dieu ait exposé son livre d'une façon compréhensible comme un moyen de contemplation du genre humaine, désormais, à mesure que les visions s'approfondissent, que la capacité scientifique s'élargit, que les études ontologiques se perfectionnent, que les recherches psychologiques et spirituelles se développent

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et que les systèmes juridico-sociaux ainsi que leurs interrelations s'éclaircissent, les secrets des versets coraniques et la portée de la révélation divine projettent leurs rayons lumineux au cœur de l'homme comme une épiphanie.

Néanmoins un accès immédiat à ces hauts niveaux de la connaissance coranique serait hors de la portée de l'intelligence des penseurs quelles que soient leurs spécialités.

L'Imam Ali (que la paix soit sur lui) dit: "Le Coran est une torche étincelante dont la lumière ne s'éteint jamais, et un océan dont la pensée humaine n'atteint point la profondeur"(1).

Depuis l'avènement de l'Islam jusqu'à nos jours, beaucoup de personnalités scientifiques et spirituelles dignes d'estime se sont efforcées de saisir les diverses conceptions coraniques. De plus, à chaque époque des milliers de spécialistes, en fonction de leurs prédispositions, ont accompli une tâche semblable ouvrant ainsi les voies qui mènent aux horizons du savoir islamique.

Même dans les milieux non-musulmans, certains savants ont mené à bien des recherches minutieuses dont les résultats ont contribué au développement et à l'extension de la culture islamique.

Une autre prérogative de l'héritage intellectuel coranique qui mérite d'ailleurs d'être mentionnée, réside dans son intégralité sans pareil du point de vue de la législation. C'est surtout en comparaison avec d'autres systèmes législatifs dans le monde civilisé et avancé que l'on découvre cet aspect majestueux du Coran. A cet égard, l'objectif ultime du Coran est la purification des hommes en vue de les rendre aptes à l'Ascension, alors que cette dimension est totalement oubliée dans d'autres systèmes législatifs.

Au fond, la législation, même

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1- Uçoul- é-Kâfi, p,591.

à l'heure actuelle et sous sa forme la plus progressive, ne se caractérise que dans une atmosphère de subjectivité, parfois imaginaire, ayant recours aux experts qui prétendent répondre convenablement à tous les besoins matériels et spirituels des hommes. Mais du fait qu'ils s'emprisonnent dans la cage de leur subjectivité et qu'ils ignorent les réalités fondamentales en subordonnant les lois à leurs motivations personnelles et en négligeant le rôle de la nature humaine, le résultat de leurs efforts, quoiqu'il présente une apparence saine, manifeste ses conséquences défavorables et ses mauvaises impression, ce qui les contraint à les modifier et à les réviser fréquemment.

Par ailleurs, personne ne peut prétendre que ses études scientifiques et ses innovations techniques jouissent d'une suprématie quelconque à toute époque, car la nécessité de l'évolution exige que toute discipline de la connaissance se réoriente, suivant la course temporelle, en renouvelant la méthode de recherche, afin de favoriser progressivement l'essor scientifique. De même, à mesure qu'un savant atteint un degré supérieur de maturité intellectuelle et qu'il élargit l'étendue de son savoir, il réexamine ses travaux, en vue de les corriger et de les mettre à jour. En outre, n'importe quelle oeuvre, quelque soit sa valeur et sa subtilité, ne traite qu'un certain nombre de sujets limités du savoir humain, de sorte qu'à la rigueur, un groupe de spécialistes sera capable de l'analyser à fond et d'éclairer tous ses points obscurs.

Mais du fait que le Coran a pris la source au foyer de la Révélation et donc de l'Omniscience divine,

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son aptitude à la recherche, à l'intuition et à la déduction restera infinie. Considérons cette réalité que l'ensemble de la sagesse et du savoir humains ne sont qu'une goutte minime de cette sagesse éternelle et infinie. et une flammèche terne de la lumière éblouissante de l'Omniscience qui englobe tous les horizons de l'Existence. Ce fait ne se limite pas seulement aux questions du Droit et des lois canoniques. Les chercheurs peuvent y découvrir la nouvelle dimension, au sujet de toute branche de la connaissance humaine. Même les sociologues, les psychologues et les historiens conçoient aujourd'hui dans le Coran, les nouveautés merveilleuses. Cela dénote les valeurs polydimensionnelles du Coran dont l'image ne tient pas à la portée d'une culture quelle que soit son étendue. Le Coran, ce livre de portée universelle était. durant quelques siècles, l'objet des réflexions. Malgré les études minutieuses sur ses principes généraux et ses critères partiels, il reste encore beaucoup de recherches à mener.

Il va sans dire que le fruit des réflexions et des études effectuées dépend du degré d'intelligence de la compétence de la manière de l'auteur d'aborder le sujet. Par conséquent, il ne faut pas limiter les aspects du Coran à des déductions personnelles. A la lumière d'une étude détaillée et attentive concernant les sujets ontologiques, eschatologiques, éthiques, les lois canoniques et les récits historiques dont le but dépasse celui d'une simple récitation des évènements anciens, on serait capable en pénétrant au fond de l'enseignement coranique d'en obtenir la connaissance et d'en saisir la réalité

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qui nous conduit à dévoiler la richesse merveilleuse et le dynamisme sans pareil du saint Coran.

Pour apprécier l'étendue culturelle et scientifique du Coran, ainsi que sa richesse spirituelle nous suffirait il de jeter un coup d’œil sur les nombreuses oeuvres consacrées à l'exégèse coranique:

Les exégèses intégrales du Coran ou biens les exégèses partielles et thématiques qui visent à interpréter d'un point du vue différent les sourates et les versets déterminés. En bref, le nombre de ces exégèses dépasse les dix mille.

On se demande encore, s'il était possible qu'un livre traitant de manière si exhaustive l'ensemble de la connaissance soit créé du monde arriéré, c'est-à-dire la péninsule arabe.

Et dans le monde actuel, un homme est-il capable de planifier le fondement structurel d'une société humaine, comme l'a déjà constitué la législation islamique. Et ceci, sans se borner à une perspective subjective, mais au contraire en visant à valoriser l'homme en tant qu'un élément constitutif de la société, un homme transcendantal qui cristallise en lui-même l'incarnation d'une communauté purifiée. Lorsqu'on parle des miracles coraniques, on n'a pas affaire à l'illusion, ni à l'imagination légendaire, ni à la supposition fabuleuse.

Là, on ne traite que les données scientifiques et logiques. Là, encore on vérifie les réalités qui se lient à l'Omnipuissance divine.

Peut-on attribuer toutes ces caractéristiques exclusives du Coran à un phénomène quelconque fortuit et naturel, ou bien, à juste titre, les rapporter à une Cause suprême, à un Créateur transcendant qui est l'Etre infini ?

Le dire de Barthélémy Hilaire, l'orientaliste français à propos de

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l'universalité du Coran, est à son tour, assez significatif: "Nous constatons la beauté et l'éloquence du Coran à travers sa traduction comme nous les observons dans les psaumes de David et les hymnes de Véda. Mais les psaumes de David et les hymnes de Véda pour les juifs et Hindous manquent de droit civil, ce qui n'est pas le cas du Coran, Celui-ci contient, à la fois, l'hymne religieuse, la louange divine, le droit civil, les prières, les sermons directifs, le dialogue et le recueil d'Histoire"(1).

En 1951, la faculté de droit de Paris organisa une semaine consacrée à l'étude de la jurisprudence islamique durant laquelle fut examiné le point de vue de cette jurisprudence dans différents sujets. Cette semaine s'acheva sur cette déclaration:

"Il n'y a pas de doute que la jurisprudence islamique puisse être une source de statuts dans le monde. Dans les oeuvres des différents rites se trouvent plusieurs trésors de lois attractives. Ainsi la jurisprudence islamique peut satisfaire tous les besoins de la vie moderne".

L'attirance Permanente du Coran.

A travers la fenêtre qui mène à la Connaissance des particularités coraniques, un autre aspect complémentaire de ses dimensions se fait jour: c'est la continuité de l'attirance coranique. Il ne serait pas sans intérêt sur ce point de faire cette remarque: les chefs d’œuvre des génies, quels que soient les attraits de leur nouveauté, ne continueraient à captiver l'esprit du lecteur que pendant une courte période. Ils n'influent jamais éternellement sur la pensée humaine. Mais au contraire, ils perdent leur nouveauté graduellement

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1- Barthélémy Hilaire, "Mahomet et le Coran".

au point qu'ils ne retiennent plus l'attention.

Considérons maintenant le cas du Coran, ce texte céleste sous cet angle: Tous ceux qui ont acquis l'essence de l'enseignement divin à travers le Coran nous affirment que, d'après leurs expériences reçues, il existe un rapport direct entre la lecture du Coran et l'extase qui la suit. Ils lisent et relisent les versets divins, et, à chaque fois, l'état spirituel qu'ils vivent est différent, de sorte que l'enthousiasme subjugue leur âme. Cette réjouissance spirituelle est proportionnelle et suit le degré de compréhension des notions Coraniques. Chaque être humain peut s'y enrichir selon sa culture, et sa capacité intellectuelle, ainsi il apaiserait ses désirs mentaux.

Le premier rayon d'attirance des versets coraniques, en simultanéité avec la transformation mentale des musulmans et leur dynamisme de mouvement spirituel, luisit de la Mecque vers les contrées extérieures.

D'un coté, il se refléta par Djafar-bin-Abi Tâlib à la cour de l'Empire Abyssin chrétien, malgré toutes les circonstances embarrassantes et toutes sortes d'oppression, et de l'autre par Moç'ib--Bin Omayr à la Médine, où le noyau d'une communauté suprême se formait.

Le rôle de ces précurseurs qui comblèrent le vide d'autrefois et qui frayèrent la voie au mouvement créateur aboutissant aux changements fondamentaux, intellectuels et pratiques, fut de propager le message divin, de réveiller la conscience des hommes et de les guider vers la source de la connaissance coranique. Ainsi ils les invitent à prendre la position réaliste vis-à-vis de la vérité suprême.

Le message coranique octroyait alors aux hommes la possibilité, les dispositions indispensables,

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pour qu'ils puissent connaître et discerner avec précision le fond de futilité et celui qui vise à valoriser l'homme et à le transcender. Car sans être attachée à une doctrine, sans avoir une vision du monde nette et réaliste, l'existence sans idéal sublime ne sera que vide et futile.

Aujourd'hui encore, après quatorze siècles, la citation mélodique des passages coraniques exalte l'esprit et l'émerveille par sa douceur.

L'impressionnante mélodie de la lecture du Coran s'entend de l'intérieur des immeubles des villes, des villages, des campements du Sahara, de tout endroit peuplé temporairement.

Au long des routes des voyageurs, pendant des heures du jour et ses instants, au cœur de la nuit au moment où l'homme s'enfonce dans le calme profond plein de significations, à l'ascension des endroits élevés et à la descente, en conséquence, à l'entrée et à la sortie, en tout endroit. Il inscrit aux esprits disponibles de précieuses sensations qui bouleversent l'âme et la changent profondément sans pour autant diminuer son efficacité. Chaque fois que le Coran évoque le courant des sentiments et les différentes préoccupations de la vie en s'y mêlant, il demeure intact de toute falsification, loin de toute main qui peut lui être tendue.

Au surplus, si le savoir et l'art humains avaient contribué à la formulation du Coran, il n'aurait pas pu échapper à la fatalité réservée aux autres oeuvres humaines: il se manifesterait brillamment pendant une courte période de l'histoire, en laissant la trace d'influence inappréciable et éphémère, au sein de la communauté humaine; et ensuite en

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fonction du vieillissement de son contenu doctrinal, il se perdrait dans l'oubli et donc serait assujetti au déclin. Mais le Dieu, Omniscient et Omnipuissant a formulé sa structure et ses composants de telle manière que sa nouveauté, son originalité et sa majesté resteront éternellement comme telle.

Il est modelé dans un contexte d'éternisation en tenant en compte le changement nécessaire des phénomènes et des réalités.

La pensée coranique vise, d'une part, à éveiller la conscience humaine, à semer le grain d'Unicité divine, et d'autre part à rejeter le nihilisme, le dogmatisme borné, la myopie intellectuelle sous quelque forme qu'ils soient. Il ouvre la voie contemplative menant à la connaissance.

Là, l'âme de celui qui est en quête de la Vérité, s'absorbe dans un état spirituel et mystique où il aura accès à la connaissance immédiate et éternelle, là d'autres horizons dont la dimension et les critères sont différents de ceux qui dominent notre vie matérielle et mondaine, se manifestent. Accéder au point culminant de cet état mystique, c'est une sorte de rupture avec le monde ici-bas, c'est la cristallisation d'autres valeurs sublimes au tréfonds de la conscience: l'homme retrouvera alors, sa dignité pour contempler la théophanie de l'Unicité divine.

Dans la conception coranique, le "Dieu" est "Un", "Unique" incomparable aux phénomènes existentiels, loin de l'analogie et de l'intégration. Il est l'Absolu, l'Infini dont la puissance règne partout et domine tout.

Là, on est en présence d'une conception purement immatérielle, selon le Coran :

"... rien qui lui soit semblable, et c'est Lui qui entend, qui observe"(1)

On

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1- Le Coran, 42:11.

sait que tout ce qui existe est constitué soit de matière, soit d'énergie. Le Coran rejette l'idée d'assimiler l'essence sublime divine à ces deux composantes. Le verset coranique dit:

"Les regards des hommes ne l'atteignent pas, cependant qu'Il atteint le regard, et Il est subtil, Il est parfaitement informé"(1)

Le Coran recommande à l'homme de contempler l'univers et le système qui le gouverne, de méditer les phénomènes et les évènements, afin d'en déduire, à juste titre, que le monde, comme l'homme est en évolution et que l'existence n'est pas le fruit du hasard, accidentelle et donc vaine, mais au contraire, chaque élément dans cet ensemble bien structuré-qui constitue l'existence au sens large du terme-poursuit son chemin vers sa fin qui lui sera désignée en fonction d'une loi rigoureuse. Par conséquent, l'homme en quête de la béatitude, doit s'harmoniser au rythme du déroulement de ce mouvement continuel et évolutif.

Pour le Coran, la reconnaissance de Dieu est intuitive, du fait que l'intelligibilité de cette Vérité absolue prend forme à l'intérieur de l'homme, c'est-à-dire dans sa nature primordiale. Il présente, alors, les athées, les matérialistes, comme des errants toujours en conflit avec leur nature primordiale, comme des prisonniers de leurs pseudo-idéaux subjectifs. Au demeurant, il réfute catégoriquement le dualisme, la Trinité en les considérant comme un héritage des cultes dits primitifs. Du point de vue coranique, ils ne sont que des voiles ténébreux obscurcissant le visage de la vérité:

"ceux qui disent: "Dieu est, en vérité, le troisième de trois". sont impies. Il n'y a de

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1- Le Coran, 6:103.

Dieu qu'un Dieu unique" (1)

Le Coran condamne l'idée selon laquelle Uzair et Jésus ont été considérés comme Fils de Dieu :

Les Juifs ont dit: "Uzair est fils de Dieu". Les Chrétiens ont dit:"Le Christ est fls de Dieu". Telle est la parole qui sort de leurs bouches, ils répètent ce que les incrédules disaient avant eux."(2)

En s'adressant à Muhammad, le Coran annonce ainsi:

"Dit: louange à Dieu qui ne s'est pas donné de fils, il n'y a pas d'associé en la royauté. Il n'a pas besoin de protecteur pour le défendre contre l'humiliation, Proclame hautement sa grandeur" (3).

Et enfin, le Coran dans une courte sourate rature vigoureusement toute idée pagane:

"Dit: Lui, Dieu est unique, Dieu est Samad. Il n'engendre pas, Il n'est pas engendré, nul n'est égal à Lui"(4).

Le terme "Samad", cité dans la sourate, mérite des réflexions et une explication du fait qu'il est polysémique. Il signifie, à la fois, le Maître, très haut en dignité, ce qui n'est point creux: négation de tout mélange et de toute possible division en partie, et l'Etre absolument dense, compact.

D'après les données scientifiques, notre monde est, d'une façon générale, composé de matière, c'est à dire quelque chose de non- compact, creux et divisible dont les éléments constitutifs sont des atomes à l'intérieur desquels il y a un espace vide, et encore entièrement creux; or toutes les matières sont ainsi. En se référant au terme "Samad", le Coran réfute ainsi toute conception matérielle que l'on peut attribuer à Dieu.

Paul C. Abesolde, le physicien occidental

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1- Le Coran, 5 :73.
2- Le Coran, 9 :30.
3- Le Coran, 17:111.
4- Le Coran, Sourate 112.

dit (1): "Dieu est-il une personne, une substance matérielle? Certains disent qu’oui, mais je ne crois pas qu'une telle affirmation, du point de vue scientifique, soit cohérente.

Dans la perspective scientifique, on ne peut pas perce-pierre Dieu sous une forme matérielle, du fait que la nature divine est insondable, et par conséquent, hors de la portée humaine. Pourtant, il y a des indices, des phénomènes qui prouvent son existence; en vertu de quoi, on constate qu'Il est tout puissant et omniscient.

W. Oulte, le chimiste renommé, écrit : « Dieu n'est pas une force matérielle et limitée. L'esprit et l'expérience matérielle ne l'atteignent pas et ne peuvent le définir. La foi et la conviction sont intuitives. La science n'est qu'un instrument pour les confirmer indirectement et les consolider »(2).

Cette description que donne le Coran d'un Dieu unique est la logique de la Science. Le Coran, on l'a déjà démontré, illumine le problème, concernant l'essence divine, avec la même netteté intelligible que lorsqu'il traite les faits scientifiques et d'autres réalités. Une étude comparative, dans le domaine de la théologie grecque, bouddhiste, juive, zoroastrienne et chrétienne nous permettrait de mieux sentir la subtilité, la valeur incontestée, la profondeur du contenu doctrinal coranique.

Cette valeur transcendante, provient d'une foi consciencieuse fondée sur le monothéisme pur et l'Uni cité sublime. Celui qui se livre à cette vague mugissante et qui étincelle, au tréfonds de son cœur, la torche de la conscience islamique, ne se vouera qu'a sa foi pure, et à concrétiser son idéal.

La Bonne Nouvelle par Jésus de la Prophétie de Muhammad

Un des

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1- Les preuves de l'existence de Dieu, p. 58.
2- Les preuves de l'existence de Dieu, p. 230.

piliers doctrinaux des musulmans est d'avoir foi dans les prophètes antérieurs. Le prophétisme et la lignés prophétique, dont le seul objectif consiste à élever l'homme, à l'éduquer dignement à un tel point qu'il puisse atteindre le sommet de l'Unicité divine, - se situent au cœur de la croyance islamique.

Ainsi, cette longue ligne s'est prolongée, au cours de l'histoire humaine, comme les chaînons ininterrompus d'une chaîne dont le dernier anneau fut concrétisé par le Sceau de la prophétie, le Prophète de l'Islam. Le fait que le noble Coran s'appuie sur la dignité éminente des prophètes divins et sur leur rôle prépondérant, à partir de la Révélation, et qu'il appelle ses disciples à vénérer les Livres sacrés, doit être prise comme une affirmation catégorique de l'authenticité et de la véracité de ces prophètes qui méritent, a juste, d'être crûs.

Par-là, il reflète, d'ailleurs, la réalité, selon laquelle la communauté humaine ne peut subsister sans l'intervention divine, à savoir par l'envoi de prophètes sans lesquels l'humanité se serait perdue dans l'abîme des vanités. Ce qui met en relief l'idée que l'homme est toujours astreint à embrasser une croyance pure issue de la source Omnisciente, afin que celui-ci ne se perde pas dans la nuit de l'ignorance et puisse assouvir ses besoins spirituels. Mais toute mission prophétique se déroule suivant l'exigence du temps et la conjoncture sociale. C'est pourquoi, à chaque époque déterminée, fut destiné un prophète propre bien déterminé. Si l'on remarque pourtant, une certaine différenciation au niveau du procédé par les prophètes, cela

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ne concerne nullement l'essentiel. Car les conjonctures socio-culturelles différentes exigent un procédé. un plan d'action différents. d'où se justifieraient, peut-être, les procédés divers des prophètes. Mais en ce qui concerne l'idéologie de base, du fait qu'elle émane d'une source Suprême et Unique, elle est au fond, toujours, identique. Les prophètes poursuivaient le même objectif. quelque soit la particularité du temps: transmettre aux hommes le message révélé. une loi, toujours en conformité, en concordance avec la nécessité humaine qui les mènerait dans la voie droite. A ce propos, le verset coranique est assez significatif:

"Dites: Nous croyons en Dieu, à ce qui nous a été révélé, à ce qui a été révélé à Abraham. à Ismaël, à Issac, à Jacob, et aux tribus, à ce qui a été donné à Moïse, et à Jésus de la part de Seigneur: Nous ne faisons de différence entre aucun d'eux. Nous sommes soumis à Dieu"(1)

Or, la mission prophétique fut prédestinée dès l'éternité, en vue de sonder le terrain. La succession ininterrompue des messagers révèle le signe du déroulement progressif au niveau de l'orientation divine.

De même, que l'homme, dans l'histoire de son existence a évolué graduellement, et à la mesure de sa maturation intellectuelle, les prophètes, eux aussi, poursuivaient leur chemin en harmonie avec cette progression.

Parfois en révélant une certaine caractéristique du prophète postérieur, ils annonçaient la bonne nouvelle de son apparition. Cette tentative fut destinée à mettre en lumière les liens étroits et réciproques et la parenté d'inspiration qui existaient entre les fondateurs des religions

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1- Le Coran, 2: 135.

divines. Bien que la simple prédiction, à elle seule, ne pourrait être décisive et valable pour témoigner de la véracité d'un prophète, pourtant cela servirait comme une lueur par laquelle on pourrait retracer les traits distinctifs du personnage en question et connaître le vrai portrait du prophète véridique chargé d'une mission Divine; et, au moins, d'en discerner les particularités de sa prophétie. Si les prophètes, en annonçant la prédiction, avaient désigné par son nom le futur envoyé, cela aurait pu être suject d'abus de la part de personnes mal intentionnées, du fait que la nomination n'est qu'arbitraire et conventionnelle. Il n'en irait de même, s'ils fixaient le moment précis de son avènement: car des imposteurs de la prophétie pourraient machiner les choses préalablement pour mieux dissimuler leur ruse.

Au demeurant. la multiplicité de prétendants entraîne généralement des divergences de vue; elle provoquerait au moins, au sein de la société, des attitudes divergentes, sinon contradictoires. Bien que l'esprit attentif doué de la raison et de la lucidité soit capable de discerner un messager céleste, d'éléments futiles et égarés, il ne faut pas oublier que, dans une condition aussi confuse, nombreux sont ceux qui s'illusionnent et tombent dans le piège. C'est pourquoi, les prophètes ont fait allusion au caractère de l'envoyé à venir, afin de permettre de le distinguer d'un autre. A partir de cela, c'est à l'homme de chercher objectivement, à la lumière de l'ensemble de signes concernant le personnage en question. C'est alors, à lui de découvrir la vérité, de bon

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cœur et sans aucune arrière pensée, ni malveillance.

En examinant la question sous un autre angle, on constate qu'en principe, ni le judaïsme, ni le christianisme ne se prétendent en tant qu'éternels et derniers. Ni Moïse, ni Jésus ne se déclarent comme le sceau; le dernier prophète. Au contraire, ils firent escompter à leurs adeptes l'apparition d'un autre prophète. Alors que l'Islam entend se fonder sur la finalité du mandat prophétique.

En allant au fond des choses, nous serons en mesure de relever une distinction fondamentale concernant le Livre sacré des musulmans et celui des chrétiens. Ce dernier n'est pas synchrone, et de plus, il ne provient pas directement de sa source révélatrice. Les Evangiles actuellement à notre disposition dont le contenu doctrinal et même narratif a été dénaturé et parfois falsifié, sont sujets aux critiques sévères des chercheurs et des savants. D'autant plus qu'il existe des raisons suffisamment fondées pour mettre en cause leur authenticité, et pour en conclure ainsi qu'ils ont été formulés, en fonction de l'orientation et de l'inclination personnelle de leurs auteurs. Nous citons ici un passage de "l'Histoire de religions" écrite par John Nasse:

"L'Histoire du Christianisme est celle d'une religion dont le pivot doctrinal se fixe sur la croyance en l'Incarnation. Tous les préceptes du Christianisme tournent autour de l'idée que l'Essence divine s'est unie en la personne de Jésus. Mais cette religion subit des transformations à la suite desquelles elle prend l'aspect humain. L'humanité, avec toutes ses faiblesses et ses défaillances, s'y manifeste. La religion est

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une longue histoire mêlée d'une souffrance frappante et significative. Il n'y a dans le monde aucune religion qui présente autant de spiritualité sublime, et l'on n'en connaît aucune qui s'éloigne tant de ses objectifs transcendants."

* * * * * *

Malgré tout, la Bible contient les témoignages désignant le prophète de l'Islam au titre d'envoyé divin. Prenons en considération les passages suivants tirés de l'Evangile de Jean où Jésus annonce à ses disciples: "Je ne parle plus guêtre avec vous, car le "prince du monde" vient. Il n'a rien en moi. "(1).

"Quand sera venu le "Consolateur" que je vous enverrai de la part du père, il rendra témoignage de moi"(2).

"Cependant, je voue dis la vérité: il vous est avantageux que je m'en aille, car si je ne m'en vais pas; le "paraclet" ne viendra pas vers vous, mais si je m'en vais, je vous l'enverrai."J'ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les porter maintenant."(3)

"Quand le Consolateur sera venu, l'Esprit de Vérité, il vous conduira dans toute la vérité, car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu'il aura entendu, et il vous annoncera les choses à venir". "Il me glorifiera par ce qu'il prendra de ce qui est à moi, et vous l'annoncera."(4).

"Mais le paraclet", "l'Esprit saint" que le père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que je vous ai dit"(5)

"Je prierai le père et il vous donnera un autre paraclet pour être avec

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1- La Bible Jean, 14 :30.
2- La Bible Jean, 14 :26.
3- La Bible Jean, 16 :7
4- La Bible Jean, 16 :12-14
5- La Bible Jean, 14 :26

vous à jamais, l'Esprit de Vérité."(1)

Les passages cités ci-dessus exigent une réflexion sans aucun préjugé, sans aucune idée préconçue et prématurée, souvent imposée à l'esprit par le milieu. Jésus lui-même annonce: "... Le Prince du monde vient...", "...il vous conduira dans toute la vérité...", "...il rend témoignage de moi", et "...il me glorifiera...". On doit, dès maintenant, se demander tout simplement et avec honnêteté: qui est venu, après Jésus, en tant que prophète céleste- " qui sera à jamais avec vous"- dont la religion est la plus parfaite et la plus complète si ce n'est ce pas Muhammad? Qui, à juste titre, a rendu le témoignage référentiel à Jésus, sinon le prophète de l'Islam? Et enfin: qui a glorifié Jésus, en le défendant des calomnies blasphématoires et diffamatoires que les Juifs portaient contre lui et contre la Sainte Vierge Marie.

Dans les versets précédents, les termes "consolateur" "Esprit de Vérité" ne renvoient qu'au prophète de l'Islam. Ces termes ont, d'ailleurs, été traduits, dans d'autres Livres Sacrés par le mot "paraclet", ce qui signifie consolateur, Directeur, Esprit de Vérité. Certains auteurs musulmans ont mis en lumière que l'équivalent à "paraclet" en arabe est Muhammad.

A cet égard, le Dr. M. Buccaille apporte une merveilleuse illustration(2) : "Ces chapitres de Jean traitent des questions primordiales, de perspectives d'avenir, d'une importance fondamentale, exposées avec toute la grandeur et la solennité qui caractérisent cette scène des adieux du Maître à ses disciples... ce qui domine le récit est, cela se conçoit dans un entretien suprême -

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1- La Bible Jean, 14 :16.
2- Dr. M. Bucalille "La Bible, Le Coran, La Science'. pagg.150/152/154.

la perspective de l'avenir des homme évoquée par Jésus et le souci du Maître d'adresser à ses disciples, et par eux, à l'Humanité entière, ses recommandations et ses commandements et de définir quel sera en définitive le guide que les hommes devront suivre après sa disparition.. Le texte de l'Evangile de Jean et lui seul le désigne explicitement sous le nom grec de parakletos, devenu paraclet en français... La question doit être posée car, à priori, il semble curieux que l'on puisse attribuer à l'Esprit saint le dernier paragraphe c'est à dire "Il ne parle pas de son propre chef, mais il dira ce qu'il entendra et il vous communiquera tout ce qui doit venir". Il parait inconcevable qu'on puisse prêter à l'Esprit Saint les pouvoirs de parler et de dire ce qu'il entend. A ma connaissance, cette question, que la logique commande de soulever, n'est généralement pas l'objecte de commentaires. Pour avoir une idée exacte du problème, il est nécessaire de se rapporter au texte grec de base, ce qui est d'autant plus important que l'on reconnaisse à l'Evangéliste Jean d'avoir écrit en grec et non en une autre langue.

Et quand Jésus dit, selon Jean, (14.16): "Je prierai le père: Il vous enverra un autre paraclet", il veut bien dire qu'il sera envoyé aux hommes un "autre" intercesseur, comme il l'a été lui-même, auprès de Dieu en leur faveur lors de sa vie terrestre. On est alors conduit en tout logique à voir dans le Paraclet de Jean un

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être humain comme Jésus, doué de faculté d'audition et de parole, facultés que le texte grec de Jean implique de façon formelle. Jésus annonce donc que Dieu enverra plus tard un être humain sur cette terre pour y avoir le rôle défini par Jean qui est, soit dit en un mot, celui d'un prophète entendant la voix de Dieu et répétant aux hommes son message. Telle est l'interprétation logique de Jean si l'on donne aux mots leur sens réel. La présence des mots "Esprit Saint" dans le texte que nous possédons aujourd'hui pourrait fort bien relever d'une addition ultérieure tout à fait volontaire, destinée à modifier le sens primitif d’un passage qui, en annonçant la venue d'un prophète après Jésus, était en contradiction avec l'Enseignement des Eglises chrétiennes naissantes, voulant que Jésus fût le dernier des prophètes.

Cette prédiction rejoint les versets coraniques:

« Quand Jésus, fils de Marie dit: "O fils d'Israël! je suis, en vérité, le prophète de Dieu, envoyé vers vous pour confirmer ce qui, de la Tora, existait avant moi, pour vous annoncer la bonne nouvelle d'un prophète qui viendra après moi, et dont le nom sera très glorifié, ils dirent: "voilà une sorcellerie évidente! »(1)

Dans un autre verset, il dit:

"Pour ceux qui suivent l'envoyé: le prophète 'ummi (illettré) qu'ils trouvent mentionné chez eux dans la Torah et l'Evangile. Il leur ordonne ce qui est convenable, il leur interdit ce qui est blâmable; il déclare licites, pour eux, les excellentes nourritures, il déclare illicite, pour eux, ce

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1- Le Coran, 61 :6.

qui est détestable; il ôte les liens et les car dans qui pesaient sur eux. Ceux qui auront cru en lui, ceux qui l'auront soutenu; ceux qui l'auront secouru; ceux qui auront suivi la lumière descendue avec lui; voilà ceux qui seront heureux"(1)83

Le Sceau de la Prophétie

En Islam, le sceau de la prophétie est considéré comme un des noyaux essentiels de la foi religieuse, du fait qu'il n'y a plus de prophète après Muhammad, jusqu'a la fin du cycle présent de l'humanité. En d'autres termes, le cercle de la prophétie s'achève avec lui. Quand on parle de l'Islam, on ne peut point ignorer le rôle fonctionnel du "Sceau du Prophétie" qui implique, d'ailleurs, la synthèse de ce qui précède: le message de Muhammad confirme et résume ceux des prophètes antérieurs. C'est ainsi que, pour chaque musulman, le nom de Muhammad est intimement lié avec sa fonction, en tant que le dernier Messager divin, de même qu'il considère le Saint Coran comme le dernier message divin révélé au Prophète de l'Islam.

A l'exception de l'Islam, on ne connaît aucune religion qui ait proclamé la clôture de la mission religieuse divine, et aucun prophète ayant prétendu l'éternité de sa prophétie. Depuis l'avènement de l'Islam, il y a quatorze siècles, personne n'a osé prétendre sérieusement être un prophète chargé d'une mission divine, alors qu'on considère le prophète de l'Islam comme le dernier messager de Dieu, le dernier législateur inspiré par Dieu, qui a complété les législations postérieures. C'est bien dans son enseignement que se cristallisent toutes

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1- Le Coran, 7:157.

les valeurs issues de missions prophétiques précédentes.

Contrairement aux autres doctrines religieuses qui se limitent, d'ailleurs, dans un cadre spatio-temporel restreint, l'Islam présente le caractère universaliste attaché au message qu'il contient, et ses possibilités d'adaptation à tous les milieux sociaux, à tous les peuples, car par sa nature des enseignements profonds, il franchit toutes les frontières temporelles. En effet, l'universalisme de l'Islam est indéniable puisqu'il est le rappel de toutes religions révélées. C'est peut-être par là que le Coran énonce Muhammad comme le "Sceau des prophètes".

Mais, la rencontre de la nécessité de la prophétie continuelle, la condition essentielle assurant, d'une façon flagrante, le dynamisme de la vie humane, et la clôture de la prophétie qui engendrerait une sorte de stagnation ne soulèvent-elles pas de contradictions?

Comment peut-on réconcilier les principes qui mettent en valeur l'invariabilité du credo de base islamique et le principe de " devenir", de l'évolution constante du besoin de chercher les nouveau x horizons de conception, et de pensée tant attestée, encouragés et recommandés en Islam?

De même, comment peut-on faire le pont entre le passé, le présent, et le futur pour lier les revendications, les sentiments de l'homme vivant dans nos sociétés actuelles, industrialisées, avec toutes ses inspirations, et son exigence, soi-disant progressiste, avec sa croyance religieuse qui lui demande le respect et l'attachement sincère à une série de traditions et de valeurs fixes?

L'Islam en introduisant, lui même la thèse du"Sceau de la prophétie" nous a fourni la réponse:

D'une manière générale, il semblerait qu, une des raisons pou r

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laquelle les missions prophétiques se renouvelaient successivement soit celle-ci: Les livres divins ne furent guère à l'abri de déformation du contenu et le changement arbitraire et sournois effectués par les malfaiteurs, les démagogues, les classes dominantes pour en tirer leurs profits. A la suite de ces modifications, les livres sacrés perdirent naturellement la compétence et la capacité pour orienter, instruire le genre humain, et pour le conduire vers les étapes évolutionnaires, voulues.

Mais dès que l'homme parvint à un stade de maturité intellectuelle et morale qui le rendait capable d'esquiver ce piège périlleux, de sauvegarder et même de propager honnêtement le contenu du message révélé, la cause essentielle de la prophétie successive disparaît également.

De ce point de vue, la période de l'avènement de l'Islam se différencie de celle d'autres religions dans la mesure où, à cette époque, les enseignements islamiques octroyaient à l'homme la possibilité d'entrer dans une phase d'intelligence inductive et de franchir un grand pas vers la maturité spirituelle. Ce qui a eu pour conséquence, la réalisation concrète de la clôture prophétique, Dès lors, une autre phase, d'ailleurs, très significative par sa nature commence: La fonction de donner les directions et d'orienter l'Ummat, c'est à dire la communauté islamique est confiée aux saints Imans, et ensuite, aux savants compétents et vertueux. A partir de ce moment, la mission prophétique prend une autre dimension, autrement dit, le cercle du temps de la prophétie, clos avec le prophète de l'Islam, maintient sa présance sur le cycle de l'Imamat, à la suite

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duquel sera le règne de la raison, de la sagesse, de la contemplation, et enfin, d'une sorte de conscience collective, du fait qu'il y n'aura plus une personne, et une personne seule qui assumerait cette charge et cette responsabilité. D'après le Coran:

"Que soit parmi vous, une communauté qui appelle au bien, ordonne ce qui est convenable et interdise ce qui est blâmable, car voilà les gagnants"(1).

Voilà La force motrice du dynamisme vivant de l'Islam: une fois close la prophétie, d'autres horizons se manifestent: L'Imamat, comme on l'a déjà souligné, à la suite duquel l'interruption de la mission prophétique donne sa place à la raison et au raisonnement contemplatif Là, il faut spécifier aussi, la continuité dynamique va substituer la discontinuité éventuelle stagnante. Dans un tel système socio-intellectuel, la pensée se libère de toute sorte de conditionnement et de l'ambiguïté qui pourrait mener l'homme au fond de l'abîme. A la lueur de l'effort contemplatif continuel des savants dignes de foi, la vie sociale et l'interrelation de l'individu s'organisent, pour répondre à toutes les inspirations de l'homme moderne.

Le saint Coran retrace les traits caractéristiques et les lignes essentielles du système en question. A ce propos, Iqbâl, le grand penseur musulman a dit:

"Le prophète de l'Islam semble se tenir entre le monde antique et le monde moderne. En ce qui concerne la source de sa Révélation, il appartient au monde antique, en ce qui concerne l'esprit de sa Révélation, il appartient au monde moderne, En lui, la vie trouve d'autres sources de connaissances,

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1- Le Coran, 3 :104.

qui conviennent à sa nouvelle orientation"(1).

Parmi les livres divins, le Coran est le seul qui put, grâce à la volonté divine, se mettre hors d'atteinte de déformation quelconque, qui n'eut sujet d'aucun alternat ion, et qui est demeuré intact. A vrai dire, la conservation intégrale du texte coranique, à travers des siècles, présente un autre aspect du miracle. Le Coran y fait allusion:

"C'est nous qui avons fait descendre le Rappel, certes, c'est nous qui en sommes les gardiens."'(2)

D'autre part, il faut dire que la croyance aux missions prophétiques, qui constitue la pierre angulaire de la foi islamique, signifie avoir la conviction en un courant ininterrompu historique qui se déroule du premier moment de la formation des sociétés humaines: une lutte continue et continuera entre deux forces antipodes: celle du Vrai et celle du Faux. Le combat se poursuivra jusqu'à ce que la Force du Vrai en sorte vainqueur: une digne récompense, un digne prix de la justesse. Par ailleurs, cette lutte, à chaque époque, a pris sa propre dimension, suivant la qualité du message et l'enseignement donné par les prophètes. Les réformes sociales, comme la modification des conduites individuelles ne réussirait qu'en tenant compte des réalités objectives de chaque société au sein de laquelle le programme doit se réaliser. Ce qui évidemment exige des plans d'action différents, qui ne sont obligatoirement toujours identiques, bien que les objectifs à atteindre puissent être les mêmes. Si l'on s'aperçoit donc, parfois, l'absence de concordance entre les démarches des prophètes, du point de vue

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1- M, Iqbâl, "La reconstruction de la pensée islamique", p. 145.
2- Le Coran, 15:9.

des programmes et des méthodes, cela ne serait point dû aux principes et aux points essentiels. Elle ne représente que les aspects accessoires et n'engendrerait aucun inconvénient contradictoire sur le plan d'orientation intellectuelle et morale pour laquelle les prophètes ont été missionnés. On lit dans le Coran:

"Nous avons envoyé, à la suite des prophètes, Jésus, fils de Marie, pour confirmer ce qui était avant lui de Tora; une direction et un avertissement destinés à ceux qui sont pieux."(1).

En ce qui concerne le Coran, il ne dévalorise point les Evangiles au contraire, il les confirme, de même qu'il comble d'éloge tous les prophètes précédents, et chante la louange des grands hommes purs, ainsi que les pré curseurs véridiques, les maîtres de pensé qui ont contribué à la perfection de l'humanité et qui ont subi la souffrance pour la cause humanitaire.

Bien que le peuple juif et un certain nombre d'autres, d'après les témoignages historiques, démontrent leur hostilité acharnée envers le prophète de l'Islam, le Coran mentionne, à maintes reprises, respectueusement le nom de Moïse et celui de Jésus, toujours avec une admiration mêlée de vénération. Ne peut-on y avoir un signe de la véracité et de l'authenticité du Coran, du fait qu'il témoigne une grande estime aux prophètes, alors que leurs adeptes s'opposèrent ostinément à l'Islam et à son messager Muhammad?

En effet le message Muhammad concrétisé dans les versets coraniques ne contient ni la moindre trace de l'ambition mondaine, ni de l'émulsion personnelle ni de la tendance égoïste, ni de l'interprétation tendancieuse:

"Et

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1- Le Coran, 5:46.

vers toi, nous avons fait descendre le livre et la vérité, pour confirmer ce qui existait du Livre avant lui en le préservant de toute altération. Juge donc parmi ces gens, d'après ce que Dieu a révélé : ne suis pas leurs passions, loin de la vérité qui t'est venue. Nous avons donné, à chacun d'entre eux, une règle et une Loi."(1)

D'après l'Islam, la religion est enracinée dans la "Fitra" c'est-à-dire au très fonde de sa nature primordiale; autrement dit, elle y prend source, et celle-ci provient de Dieu Unique et Transcendant; par conséquent la diversité et la multiplicité n'a nulle place dans la religion. La Coran annonce:

"Pour la religion, donc, debout ton visage, en sincérité, selon la Nature dont Dieu a fait la nature des hommes - pas de changement en la création de Dieu: voilà la religion pure"(2).

Or, si l'homme est prisonnier des traditions et des accidents qui surgissent dans le monde, et s'il ne retrouve son identité que par rapport et en fonction de ceux-ci, le chemin qui l'amène à la béatitude éternelle sera toujours le même. C'est la religion qui l'oriente en lui octroyant la vision du monde la plus nette et la plus juste. De ce point de vue, étant donné que la religion comprend l'ensemble de Lois divines, on aura tort de lui tourner le dos et de se réfugier dans les normes créés par tel ou tel. La religion, en tant que telle, nous présente une contrée vaste, sans frontière où la loi

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1- Le Coran, 5:48.
2- Le Coran, 30:30.

s’incarne en tenant compte de tout; la dédaigner ou l'abandonner, en se bornant aux lois soumises à l'intervention des individus, c'est bien marcher dans les ruelles tortueuses.

Montesquieu a écrit:(1) "Il y a différents ordres des lois; et la sublimité de la raison humaine consiste à savoir bien auquel de ces ordres se rapporter et principalement les choses sur lesquelles on doit statuer; et à ne point mettre de confusion dans les principes qui doivent gouverner les hommes... La nature des lois humaines est d'être soumise à tous les accidents qui arrivent, et de varier à mesure que les volontés des hommes changent, au contraire, la nature des lois de la religion est de ne varier jamais. Les lois humaines statuent sur le bien; la religion sur le meilleur. Le bien peut avoir un autre objet parce qu'il y a plusieurs biens, mais le meilleur n'est qu'un, il ne peut donc pas changer. On peut bien changer les lois, parce qu'elles ne sont censées qu'être bonnes, mais les institutions de la religion sont toujours supposées être les meilleures, Il y a des Etats où les lois ne sont rien, ou ne sont qu'une volonté capricieuse et transitoire du souverain. Si, dans ces états, les lois de la religion étaient de la nature des lois humaines, les lois de religion ne seraient rien non plus, il est pourtant nécessaire à la société qu'il y ait quelque chose de fixe, et c'est la religion qui est quelque chose de fixe. La force

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1- Montesquieu, 'L'esprit des lois", p, 725.

principale des lois religieuses vient de ce qu'on la croit; la force des lois humaines vient de ce qu'on les craint".

Après avoir perçu la distinction entre les lois divines et les lois humaines, il nous faut éclaircir, de façon aussi flagrante que possible, la différenciation essentielle existant entre la nature du message du prophète de l'Islam et celui d'autres messagers divins. Celle-ci provient du fait que les messages des prophètes antérieurs ne furent destinés qu'à un certain peuple déterminé dans une phase transitoire, se bornant donc à un programme provisoire.

Par ailleurs, ces messages furent défigurés et ont malheureusement subi des déformations au cours de l'histoire, à tel point qu'un certain nombre de notion fut transmuté. De plus, le message révélé à Muhammad est la synthèse intégrale de tous ceux qui le précèdent, et cela sans être dénaturé; autrement dit le Coran les englobe fidèlement puisqu'il en est archétype. A vrai dire, le Coran a pu se maintenir intact à travers les siècles, malgré les différentes tentatives malicieuses des infidèles. Il comprend et réunit, donc, tous les aspects vitaux pour satisfaire tous les besoins matériels et spirituels de l'homme.

Les envoyés divins, chacun à son tour, ont rempli leur fonction prophétique, afin de redresser les torts et de rétablir le règne de la Vérité. Ils ont introduit dans les communautés humaines les lignes de conduite inspirées de la révélation, en vue d'empêcher des déviations. Les savants vertueux continueront le même procédé, alors qu'ils s'inspirent, cette fois-ci d'une source de la sagesse sublime,

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c'est à dire le dernier message divin, qui correspond à la projection de la volonté divine. Quand l'homme atteint son plein développement spirituel lui permettant de saisir le fond de la réalité suprême et d'appréhender la Connaissance divine, il pourra alors disséquer les critères originaux de la religion et assumer parfaitement son rôle, digne de lui-même, en tant que tel, luttant constamment pour réaliser les idéaux sublimes et les préceptes divins. C'est à partir de cela, que les sages, les savants mériteront de se substituer aux prophètes.

Ainsi peuvent être compris les appels fréquents des versets coraniques, en faveur de la réflexion, de la science et de la méditation. De là, aussi sais-ton, à juste titre, les causes de l'exhortation coranique concernant la connaissance et la contemplation sur l'âme dominatrice de l'existence. La référence constante à la raison et l'expérience, ainsi que leur valorisation, de même que l'importance accordée par le Coran à la nature et à l'histoire en tant que source de la connaissance humaine, illustrent en soi, l'arrivée d'une ère nouvelle dans l'histoire humaine, C'est le moment de la rencontre de la subjectivité intelligible et de l'objectivité réaliste; l'homme, par sa performance intellectuelle, se montre apte et digne, plus que jamais, d'assumer sa lourde responsabilité pour sauvegarder les patrimoine religieux, et d'y donner l'interprétation juste et réaliste.

Cela signifie également que l'homme s'apprête à accueillir le message ultime de la dernière mission divine. Une fois reçu le dernier message, il ne reste plus de place pour l'avènement d'un nouveau prophète.

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Supposons que l'on ait déjà effectué, minutieusement, dans un terrain les fouilles archéologiques, afin d'y trouver les oeuvres d'antique. Après les avoir toutes découvertes, il ne reste rien de non découvert, d'inconnu au sein du terrain en question. C'est bien le cas de la prophétie. La prophétie a tranché les diverses étapes, atteignant le point culminant de son évolution et sa perfection. La lumière de la prophétie s'est projetée sur tous les jadis obscurs. Plus de points ambigus, et donc inaccessibles à La portée de l'intelligence humaine. Passée la dernière étape, prédestinée, la prophétie est close. Le Prophète de l'Islam a mis en lumière le sujet en question, sous la forme d'une métaphore:

"La prophétie, dit-il, est une maison dont la construction est presque achevée; mon rôle consiste à mettre à sa place la dernière brique"(1).

Pourtant, il nous faut avoir présent à l'esprit ceci: bien que la mission prophétique s'est achevée à toujours, cela ne signifie point la coupure de relation spirituelle entre l'homme et la source du Mystère c'est-à-dire le Créateur; la voie menant à la vertu, à la station spirituelle transcendante, est toujours ouverte, personne n'est interdit d'accès. Se purifier pour acquérir la béatitude suprême est un gage de l'effort personnel et de la "sincérité de conscience." L'homme pourra entrer en relation étroite avec la monde du Mystère, s'il s'efforce d’actualiser toutes ses puissances potentielle, qui existent en lui-même sous les diverses dimensions, et que la Divinité lui a confié en tant qu'un dépôt sacré.

Cela lui permettra de connaître

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1- Tafçir Madjma,- ul- Bayân

et de voir ce qui est inconnu et invisible à tous ceux qui se sont noyés dans le monde matériel. C'est là où la vie humaine prend la valeur et l'homme se manifeste en tant que représentant de Dieu sur la Terre. Nombreux sont ceux dont la vision religieuse est profonde et sublime qui sont comblés d'une spiritualité resplendissante. La porte de l'illumination et de l'inspiration divine est toujours ouverte à tous ceux qui veulent se débarrasser de l'impureté intérieure et de l'obscurité des vices, en disposant leur âme à la lumière de la Connaissance, car inépuisable est l'Effusion divine. Profiter de cette source flamboyante dépend des capacités de chaque individu.

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